Outre ses cultures particulières -gazon, légumes et maïs semence- « il s’agit d’une cuma bien spécifique, pas forcément transposable partout ».
Fabien Lafitte, animateur agroéquipement officiant au sein de la fdcuma Béarn Landes Pays basque, avait averti les visiteurs, réunis le temps d’une visite pendant le Congrès national du réseau cuma en Nouvelle-Aquitaine.
Gazon sur sables noirs
Ils n’ont pas été déçus: la cuma de St Mamans est effectivement un objet « cuma » unique. Cette cuma intégrale, créée en 2000, compte 6 adhérents qui partagent 820ha de foncier sur les célèbres sables noirs des Landes, et l’intégralité de leur parc matériel, dédié à la mise en place de cultures légumières de plein champ, de maïs semence, de travaux forestiers.
Mais aussi, pour 30 à 40% de leur chiffre d’affaires actuel, de gazon commercialisé sous forme de rouleaux.
Un produit fragile et « frais » qui doit être expédié la plupart du temps en camion frigorifique et « replaqué » dès le lendemain par des entreprises d’espaces verts surtout.
Salariés spécialisés mais polyvalents
Les adhérents se répartissent la gestion des salariés: la cuma compte en effet un salarié permanent et des travailleurs saisonniers.
Mais elle s’appuie également sur un groupement d’employeurs comptant 9 salariés spécialisés (mais aussi capables d’assumer les missions des uns et des autres en cas de besoin).
Notamment une secrétaire-comptable (à 75%), deux chauffeurs et un responsable gazon.
Les gérants se répartissent aussi les missions: l’un gère la mise en place des cultures, les traitements et la commercialisation, le deuxième l’administratif et l’irrigation, un troisième la gazon et l’atelier.
Intercuma et délégation
« Pour la récolte et le triage, nous fonctionnons avec d’autres cuma, et pour la castration, nous travaillons avec une entreprise spécialisée, qui gère l’embauche et le travail de 50 à 90 salariés pour les 90ha de maïs semence, » précise Francis Colin.
« Nous avons un GIE pour les achats, avec d’autres agriculteurs du secteur. Nous lançons des appels d’offres par exemple pour le maïs conso, pour les phytos, les achats en grandes quantités. »
Les cultures -toutes très techniques- nécessitent des matériels particuliers et bien entretenus. Une problématique d’autant plus forte que:
- le bâtiment de la cuma se situe assez loin des sites des concessionnaires locaux (entre 20 et 40km).
- l’eau d’irrigation (sur 100% des surfaces) est ferrugineuse
- les matériels liés au gazon (notamment les trois déplaqueuses) sont très spécifiques, coûteux, et ne se fabriquent plus. Les déplaqueuses actuelles ne filment plus les rouleaux par exemple, alors que ces machines anciennes le font, économisant un salarié par machine lors de la récolte.
Humainement et techniquement parlant, les questions de hangars-atelier, de stockage et d’entretien sont donc cruciales pour le fonctionnement du groupe.
Deux DiNA pour les hangars
En 2013, les adhérents décident donc de construire un hangar-atelier. Ils décident d’agrandir et de rénover dès 2018, suite à un DiNA* réalisé avec l’appui de la fdcuma640.
Un second DiNA est réalisé en 2019, sur le stockage des matériels. Les bâtiments sont aujourd’hui couverts de 390m2 de panneaux photovoltaïques. Ce qui permet de réduire l’annuité par deux. Et la cuma a aussi une aire de lavage.
Fidélisation des salariés
Les participants à la visite ont travaillé sur deux thématiques lors des ateliers, l’un lié à l’assolement en commun (identifier les avantages, les menaces et les opportunités liés à ce fonctionnement) et sur les leviers pour diminuer les quantités de phytos sur les cultures. Un dossier sur lequel planche Francis Colin.
Lequel a également détaillé les mesures mises en place par les responsables pour fidéliser les salariés: entretien annuels individuels, réunions collectives hebdomadaires et mensuelles, mais aussi intéressement, prime de Noël et prise en charge de la mutuelle à 100% par l’employeur. Ce qui semble fonctionner: la majorité des salariés sont présents depuis une dizaine d’années.
*DiNA pour Dispositif national d’accompagnement des cuma, un dispositif d’audit sur une large gamme de thèmes, financé à 90% par l’Etat.