C’est à Vimy dans le Pas-de-Calais que se tenait mercredi 22 mai, l’assemblée générale de la Frcuma Hauts-de-France, co-organisée avec Claas, la Crédit agricole, Groupama, Joskin, Lemken, Samsys et Sofima. A cette occasion, la fédération s’est donné pour objectif de secouer et faire bouger le groupe.
Ainsi, en parallèle des traditionnels bilans d’activités et financier, les 250 adhérents présents ont pu assister à la présentation de quelques « fous » (dans le bon sens du terme) qui ont osé se lancer avant les autres.
Des éleveurs laitiers qui se regroupent pour optimiser la vente de leurs produits
Premier portrait: la société « Invitation à la ferme« , un réseau de producteurs laitiers bio qui transforment leur lait et qui se sont regroupés et ont mutualisé leurs achats, emballage et ressources humaines. Ils ont ainsi pu embaucher un ingénieur production et un responsable communication et marketing. L’idée du groupe n’est pas de remplacer les industriels mais de proposer une offre alternative au consommateur. L’objectif affiché est ambitieux: représenter 10% du marché bio ultra-frais français. Les produits sont référencés au niveau national dans les magasins Auchan, mais chaque ferme gère également son rayonnement national.
«Le collectif est à la base de tout», insiste le président, Jean-Michel Peard, «les adhérents une obligation de présence à 75% des conseils de ferme (4 rendez-vous pas an), sinon la ferme ne peut pas rester dans le réseau.» Et les résultats sont là. Invitation à la ferme a réalisé un chiffre d’affaires de 5 millions d’euros en 2017 avec une croissance à deux chiffres. Quant à Jean-Michel Peard, il arrive à dégager 10salaires à partir de 300.000litres de lait. Il conclut cependant avec un conseil: «L’humain reste primordial et il est important de bien se connaître pour partir sur de bonnes bases et surtout, partager une vision à moyen/long terme.»
Des producteurs de betteraves qui veulent créer leur propre sucrerie
Avec le second portrait une chose est sûre, si le degré de folie se mesure au niveau de l’ambition, alors ce sont sans doute ces quelques producteurs belges de betteraves de la coopérative des betteraviers transformateurs qui le sont le plus! Il y a 2 ans, au moment de négocier les conditions d’achat des betteraves pour la période post-quota, ils se sont posés une question: combien cela coûte de transformer 1 tonne de sucre?
«En voyant le résultat, on s’est lancé ce projet fou: créer notre sucrerie», explique David Jonckheere, membre fondateur de la coopérative. L’objectif étant ainsi de réintégrer la marge de la transformation aux producteurs. Le montant estimé de l’investissement (pour transformer les 1.6million de tonnes de betteraves) donne la dimension du défi: plus de 300millions d’euros! Autre défi de taille: la commercialisation. Dans un contexte de marché du sucre saturé, le groupe a décidé de miser sur un rayonnement local pour vendre les 250.000tonnes qui seront produites chaque année.
Aujourd’hui, l’étude de faisabilité est faite et le projet est entré dans une phase déterminante: l’obtention des adhésions fermes avec financement. Si tout va bien, la première campagne est attendue pour 2021.
Etre acteur du changement plutôt que de le subir
Trois autres portraits ont été dressés durant ce temps fort:
- « Terre Zen », une association citoyenne qui développe la permaculture sur le territoire des hortillonnages à Amiens;
- la cuma du Hainaut qui, via un PCAE, s’est dotée d’une boîte à outils pour se lancer dans l’agriculture de conversation avec un outil de strip-till superficiel, une herse étrille, une houe rotative, une bineuse et un semoir;
- la cuma départementale Défis, qui impulse des projets que des cuma n’ont pas les moyens de lancer seules (avec l’objectif qu’elles deviennent autonomes par la suite).
Au final, la mission est accomplie pour la Frcuma Hauts-de-France, car les différents exposés et animations ont démontré une chose: il ne faut pas perdre son énergie à lutter contre le changement mais l’accepter et en être acteur. Et quoi de mieux que le travail en groupe pour l’émergence des idées?
Le rapport d’orientation du président, Thierry Baillet, va d’ailleurs en ce sens. Ci-dessous, quelques morceaux choisis:
«Si évoluer seul est difficile, changer nos pratiques en groupe est rassurant, on partage les risques, on se conforte. Les partages d’expérience nous rendent moins craintifs vis-à-vis du regard des autres. Et en cela, nos cuma sont un terreau très fertiles à ces changements, nécessitant souvent de nouveaux investissements.»
«Ces groupes de femmes et d’hommes défrichent des nouvelles pistes en unissant leurs forces, leurs qualités et leurs compétences […]. Le groupe favorise le foisonnement des idées bien plus que la réflexion solitaire.»
«Le groupe génère des solidarités face aux difficultés et aux obstacles qui semblent infranchissables. […] Il constitue un formidable réservoir de connaissances qui, contrairement à l’argent, permet d’enrichir celui qui les reçoit sans appauvrir celui qui les partage.»
«Au final, les fous ne sont pas ceux qui osent et avancent, mais plutôt ceux qui pensent que la solution viendra d’ailleurs et qu’ils n’ont pas besoin de changer.»
Secouer pour faire émerger les idées? Ça ne vous rappelle rien? Petite minute de nostalgie avec ce retour en 1993 et une publicité dont le slogan est resté gravé dans nos mémoires.
Une facturation et des investissements stables
A noter concernant l’actualité de la fédération régionale, 8 nouvelles structures ont vu le jour en 2017: la cuma des Liniers (59), la cuma Terres d’opales (62), la cuma de Goyaval (80), la cuma de la bio vallée des Weppes (59), la cuma entre Canche & Authie (62), la cuma du Val d’Authie (80), la cuma des Eleveurs de liens (62) et la cuma de l’Artois (62).
Enfin, les cuma des Hauts-de-France ont réalisé près de 40millions d’investissement en 2017 et ont facturé 32millions d’euros. Des chiffres stables par rapport aux années précédentes. Rappelons que les Hauts-de-France comptent 385cuma, dont 365adhérentes à la fédération, pour un total de 9.300adhérents.
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