« Parcourir de très longues distances sur des sentiers en pleine nature sauvage pendant 24 à 30 heures, courir sans se perdre dans les dénivelés, et surtout s’adapter tout le temps au relief et à la nature »: c’est la définition, selon le jeune homme âgé de 35 ans, de son sport favori. Qu’il applique aussi à la viticulture: « car c’est toujours la nature qui a le dernier mot », explique-t-il à l’AFP. « On doit s’adapter sans cesse. »
Trois fois champion du tour du Mont Blanc sur 170 kilomètres, en 2012, 2014 et 2017, et quatre fois du grand raid de la Réunion, surnommé la « diagonale des fous », François d’Haene est un chasseur d’exploits qui prépare son retour au Mont Blanc pour cette année, après la course la plus folle du ski d’alpinisme, la Pierra Menta, en mars, dans le Beaufortin.
« Résistance »
« Surpris et heureux » du prix attribué par la RVF, ce père de trois jeunes enfants, qui exploite le domaine du Germain dans le Rhône avec sa femme Carline, compte en profiter pour montrer qu’on « peut être sportif de haut niveau, vigneron et père de famille ».
« J’aime les efforts très longs, l’ultra-trail et la vigne se ressemblent. On ne prépare pas une course deux mois à l’avance, et on ne prépare pas une vendange deux mois à l’avance, il faut s’occuper du sol et de la vigne sur la durée pour que ça marche », explique ce Lillois de naissance, kiné de formation.
S’il ne boit aucun alcool durant l’effort sportif intense, François d’Haene, dont les vins sont produits en bio ou en conversion biologique, défend la convivialité du breuvage.
« Au lieu d’un +janvier sec+ promu actuellement, je préférerais que les gens reprennent le sport après les fêtes, se dépensent, et partagent ensuite un verre de vin tous ensemble, c’est un travail d’équilibre de connaître son corps, mais il faut se faire plaisir avant tout », estime cet athlète épicurien.
Pour Dominique Hauvette, désignée « vigneronne de l’année » par la RVF pour des vins que l’on trouve sur nombre de tables étoilées, le sport et la viticulture cultivent tous deux la « résistance ».
« On essaie de faire des plantes résistantes aux maladies, aux agresseurs, comme un sportif entraîne son corps à être résistant », dit-elle à l’AFP.
« Physique »
Sur son terroir « de bénédiction » situé sur le piémont nord des Alpilles, celle qui est devenue vigneronne « par hasard », par amour de la Provence, après avoir repris en 1988 deux hectares à un voisin désireux de partir à la retraite, est surtout connue pour son vin issu d’un vieux cépage local, le Cinsault.
« Il est difficile à cultiver, car les peaux du fruit sont fines et fragiles, mais si je replante je ne mettrai que du Cinsault pour son élégance et sa gourmandise », résume-t-elle: un vin « qui est bon jeune, et vieux ».
Les 40.000 bouteilles produites chaque année sur ses 15 hectares sont entièrement issues des techniques de biodynamie, plus exigeantes que le bio sur le plan environnemental.
Sa recherche de naturel et de « vin vivant » font que ses jus sont « à la mode », relève la vigneronne, qui s’apprête à fêter ses 70 ans: « Depuis quatre ou cinq ans, ça tourne tout seul ». Mais pas sans travail.
Si elle n’a plus chaussé de skis depuis 1984, la vigne est un métier « très physique », dit-elle. « Ca sert d’être sportif pour être paysan, surtout quand, comme moi, on a été seule pendant dix ans » sur l’exploitation.