« Je suis ici pour agir. Je suis ici pour agir pour l’écologie avec méthode, détermination et persévérance dans le temps », a déclaré M. de Rugy lors de la passation de pouvoirs à l’Hôtel de Roquelaure.
Depuis toujours chantre d’une écologie réformiste, M. de Rugy obtient à 44 ans son premier portefeuille ministériel. Un choix logique pour Pascal Durand, proche de M. Hulot : « François de Rugy a donné des gages » à la majorité et « a de vraies convictions écolos », affirme à l’AFP l’ancien secrétaire national d’EELV.
Un parlementaire de la majorité se montre plus sévère: « Rugy, c’est le recroquevillement de la politique écologique, une énorme erreur mais en même temps un signal très clair », estime-t-il.
Dans un compliment empoisonné, la Fédération nationale des chasseurs a salué la nomination d’un « pragmatique ». La députée LFI Clémentine Autain voit plutôt en lui un « opportuniste professionnel ».
M. de Rugy, qui se sait attendu au tournant, a promis mardi de ne pas dévier « de la voie de la transformation écologique voulue par les Français lors des élections ». Emmanuel Macron a notamment promis durant sa campagne de respecter la Loi de transition énergétique de 2015.
Adhérent d’EELV depuis 1997, M. de Rugy a rompu en août 2015 avec ses camarades, critiquant leur « dérive gauchiste » et leur choix de ne pas participer au gouvernement de Manuels Valls. En 2017, après avoir participé à la primaire organisée par le PS et ses alliés pour la présidentielle, il a annoncé son ralliement à Emmanuel Macron, en dépit de son engagement à soutenir le vainqueur Benoît Hamon.
« Je préfère la cohérence à l’obéissance », avait justifié le député, qui avait soutenu la déchéance de nationalité pendant le quinquennat Hollande.
Devenu vice-président de l’Assemblée après le départ de Denis Baupin en mai 2016, il a été élu au Perchoir au début de la mandature, en raison notamment de son expérience de parlementaire.
« Contesté » à l’Assemblée
Au Palais Bourbon, M. de Rugy, qui ne fait pas partie du premier cercle d’Emmanuel Macron, n’a pas fait l’unanimité, s’attirant la vindicte des Insoumis et des critiques au sein même de la majorité, en raison notamment de ses attaques contre les « multirécidivistes de l’absence ».
« Ça bosse, ici », lui avait rétorqué en février le président du groupe LREM Richard Ferrand, dont le nom est cité pour lui succéder au Perchoir.
« Oui, il est contesté », affirmait en juin un député LREM, reprochant notamment à M. de Rugy de laisser planer le doute sur sa volonté de « remettre en jeu la présidence au bout de deux ans et demi, alors qu’il a été élu sur cet engagement »- une critique qui s’éteint avec sa nomination au gouvernement.
Opposé à la limitation du droit d’amendement parlementaire, M. de Rugy a aussi appelé en juin le gouvernement à « mettre de l’ordre dans l’ordre du jour ». Mais l’opposition ne lui en a pas particulièrement su gré, le député PCF Sébastien Jumel y voyant les « coups de menton » et « fausses colères » d’un président ayant « dealé un affaiblissement du Parlement », via le projet de réforme institutionnelle.
Pour M. de Rugy, ces inimitiés découlent en partie de sa volonté de moderniser l’institution – il a lancé en ce sens un vaste chantier toujours en cours.
Issu de la noblesse, et « assez souvent » attaqué sur son nom (patronyme complet: François Goullet de Rugy), selon son entourage, il n’a pourtant ni « château », ni trésor » et des parents enseignants.
Ce diplômé de Sciences Po passé par Génération Écologie est devenu en 1997 l’assistant parlementaire du groupe Radical citoyen et Vert, jusqu’en 2002.
A partir de 2001, il a été adjoint aux transports du maire de Nantes d’alors, Jean-Marc Ayrault, auquel il s’est opposé sur le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Il a été élu député en 2007 puis en 2012, avec le soutien du PS. Père de deux enfants, il a épousé en décembre une journaliste du magazine Gala, Séverine Servat.