Un fourrage séché grâce aux ENR

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Un fourrage séché grâce aux ENR

Une partie des adhérents de la cuma Luzerne de Bresse aux côtés de Frédéric Bernard le président (à dr, chemise à carreaux).

Unique en France, ce projet collectif de séchage de fourrage fonctionne grâce au solaire, à la méthanisation et au bois, soit 98 % d’énergies renouvelables.

La création de l’unité de séchage collectif de luzerne de Lescheroux a répondu à deux attentes. D’abord, celle d’éleveurs, de l’AOC Beurre et Crème de Bresse en particulier, qui étaient en recherche de production de protéines. Ensuite, celle d’une station de méthanisation agricole qui disposait d’un fort potentiel de production d’énergie. Après trois ans d’études, ce projet unique en France, a séché sa première fauche en mai 2013.

Un séchage lent à 40°c

« L’unité de séchage est gérée par la cuma Luzerne de Bresse de Lescheroux. Sa commission culture surveille l’évolution des parcelles. C’est elle qui indique à l’agriculteur ce qu’il doit faucher et à quel moment », explique Frédéric Bernard, le président. « On récolte à 60-70 % de MS. Les chargements sont pesés et identifiés pour chaque adhérent. Le salarié de la cuma effectue le remplissage, le brassage des cellules. Nous opérons un séchage lent à 40°C qui préserve la qualité et la valeur nutritive du fourrage. »  La commission culture contrôle trois à quatre fois par semaine l’avancement du séchage. Il faut compter quatre jours pour ramener le fourrage à 80 % de MS. Le séchage et la ventilation sont ensuite réduits progressivement. L’humidité est contrôlée régulièrement avant que le foin soit pressé. Ensuite, chaque adhérent récupère en bottes de 500 kg l’équivalent de ce qu’il a apporté à la cuma.

98 % d’énergie renouvelable

La source d’énergie principale est solaire. Elle est captée au niveau du pan sud de la toiture sur une surface de 2 400 m2. L’air chauffé qui circule entre la toiture en fibrociment sombre et les panneaux isolants, est recueilli aux deux extrémités et au centre du bâtiment. Ce flux sec et chaud est ensuite dirigé vers les ventilateurs qui le pulsent à la base des cellules de séchage. On obtient ainsi +3,6°C sur 24 heures d’avril à octobre et une diminution de 10 à 15 % du taux d’humidité.  De l’unité de méthanisation arrive de l’eau chaude (80°C), transformée en air chaud par deux aérothermes de 160 kW qui alimentent les ventilateurs. Ces deux systèmes sont sécurisés, pendant les périodes critiques d’avril et octobre, par une chaudière biomasse de 850 kW. L’eau chaude est là encore transformée en air chaud par neuf aérothermes.

fourrage salarié cuma remplissage brassage cellules

Le salarié de la cuma effectue le remplissage et le brassage des cellules.

La sécurité à tous les niveaux

Au bout de six ans de fonctionnement, le constat est positif. « La qualité du fourrage est indéniable », précise Pierre Pertuizet, vice-président. « Les éleveurs constatent son impact favorable sur l’état sanitaire du troupeau et sur l’âge de reproduction. De fait, ils augmentent le nombre de leurs parcelles de prairie. Ceux qui vendent le fourrage le valorise de mieux en mieux. » Cette cuma suscite beaucoup d’intérêts, études et thèses lui sont consacrées. Elle apporte à ses adhérents une curité indéniable. Le foin mouillé par plus de 5 mm de pluie n’est pas accepté mais l’adhérent récupère l’équivalent de la moitié en fourrage séché. La solidarité joue à plein.


Cet article est issu du spécial Ain de mai 2019.

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