Et si la solution miraculeuse tenait en une feuille A4? A la cuma, jamais aucun matériel ne passe de la main d’un adhérent à celle d’un autre adhérent avec des dents en moins, des éléments tordus, une prise à réparer, un phare HS… tous sont toujours nickels et, à chaque casse, le coupable y remédie sans mauvaise volonté.
A Guer, dans le Morbihan, la cuma du Sillon parviendra peut-être à ce résultat idyllique. Elle teste en tout cas cette année un outil, assez simple, pour résoudre un point noir qu’elle n’est certainement pas la seule à rencontrer. «Quand il y a une casse, on a souvent du mal à déterminer qui en est à l’origine», constate Mickaël Pihéry, le président de la cuma. Son expérience: renseigner une fiche d’état des lieux. Elle sera menée sur les faneuses et andaineurs cette année.
Ecrire pour se prémunir de la mauvaise foi
Pour ces matériels, la cuma s’organise par groupes de trois à quatre voisins. Or, même avec ce fonctionnement, elle se confronte au problème des bobos jamais réparés qui s’accumulent parce que personne ne s’en sent assez responsable. Désormais, à chaque fois qu’il prendra en main un de ces outils rotatifs, l’adhérent devra prendre une minute pour en faire le tour et valider, point par point, son bon état.
Un historique pour les responsables
La fiche d’état des lieux prévoit une colonne pour la même opération, en fin d’utilisation, où il est facile de noter ce qu’il y a à signaler. Bien sûr, «il peut arriver qu’on ne se rende pas compte quand on casse quelque chose mais, dans ce cas-là, le suivant note le défaut à sa prise du matériel.» Ainsi, la cuma dispose d’une trace écrite qui lui permet de déterminer à qui elle doit s’adresser. «Ça nous aidera à prendre les décisions», insiste le président.
La cuma a beau avoir 4 salariés permanents, «ils ne sont pas toujours à la cuma» et leur rôle n’est pas de surveiller les allées et venues des engins dans la cour. De plus, le matériel de fenaison, par exemple, reste le plus souvent sur les fermes des différents groupes… «Souvent, les salariés identifient les problèmes, mais trois ou quatre jours après.»
De bonnes bases pour une bonne ambiance
Trop souvent, l’adhérent ni vu, ni connu, n’est donc pas mis à contribution pour la réparation. Le préjudice pour la cuma va au-delà: le président cite en exemple un distributeur sur un tracteur arraché avec une remorque… «800 ou 900 euros que le gars à qui c’est arrivé n’a pas voulu payer», en justifiant que d’autres, en restant silencieux dans pareils cas, n’avaient pas été mis à contribution. La qualité du service en pâtit et, à la fin, c’est parfois la cuma elle-même qui doit prendre en charge les conséquences économiques de la réparation. Or, «la cuma ne peut pas continuer à payer elle-même» pour ces pannes signées d’un X.
Entre ces considérations économiques et le désagrément justifié que l’adhérent éprouve lorsqu’il prend un outil et doit commencer par sa réparation, ce phénomène contre lequel la cuma cherche à lutter, peut vite gripper l’ambiance du groupe.
Un outil d’entretien d’ambiance
«Nous avons déjà mis en place une commission de discipline pour traiter ces sujets», explique le président, «mais elle a besoin d’outils pour être efficace.» Si celui-ci satisfait, il sera généralisé à tous les matériels à disposition des adhérents: remorques, tracteurs, télescopique… Il faudra alors que la fiche puisse s’insérer dans un carnet afin que l’état des lieux et le relevé du compteur soient consignés au même endroit.