La délégation aux droits des femmes au Sénat s’est penchée cette année sur les agricultrices. Signal positif, conforté en février dernier par un colloque lors duquel des femmes qui ont fait le choix de devenir agricultrices ont témoigné.
Des séquences qui ont mis en lumière le besoin de faire évoluer les mentalités sur le terrain, dans les banques et les OPA. Mais aussi les parcours ébouriffants de ces battantes, qui ont fait le choix de l’agriculture et n’hésitent pas à se confronter aux préjugés, innover, contourner des situations en créant des solutions nouvelles. Le tout souvent en réseau, et en réanimant des territoires parfois au bord du coma.
Pionnières dans les domaines de l’environnement, de l’augmentation de la valeur ajoutée, championnes de la création d’exploitations, gestionnaires souvent avisées… Ces parcours n’ont pas occulté la palette des situations qui affectent les femmes agricultrices.
Au départ, la délégation s’est réunie pour travailler sur quatre objectifs. Fournir des pistes pour:
- Faciliter l’installation des agricultrices, sécuriser leur parcours et favoriser l’articulation temps personnel et professionnel.
- Consolider leur statut et améliorer leur couverture sociale ainsi que leur retraite.
- Mieux prendre en compte la féminisation de la profession agricole.
- Susciter des vocations d’agricultrices chez les jeunes filles, valoriser la contribution des agricultrices à la profession et encourager leur accès aux responsabilités dans les instances agricoles.
Une partie de ces recommandations, si elles sont suivies d’effets, s’avérerait sacrément utile :
Prise en compte des enjeux de santé, revalorisation des montants de base des retraites agricoles, évolution de la base de calcul, information sur la pension de réversion et alignement sur celles de droit commun (suppression du plafond de revenus), possibilité de réaliser un audit de l’exploitation pour accompagner les agricultrices sans statut mais aussi information sur accès aux dispositifs existants tel que le service de remplacement : on ne peut que dire oui.
Performance économique et délégation
Par contre on peut s’interroger sur la faisabilité de certaines d’entre elles, comme sur la garde d’enfants, la généralisation de l’adaptation ergonomique des matériels et équipements agricoles à la morphologie féminine ou « le fait que les agricultrices puissent disposer de vêtements de travail conçus pour elles » (cela existe ici et ici par exemple)…
Si les services de remplacement sont évoqués pour des occasion ponctuelles, on peut aussi regretter que la réflexion n’ait pas pu aller au-delà. Puisque l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée fait clairement partie des priorités, pourquoi occulter la délégation des travaux, le service complet, l’emploi partagé ?
Oui, il faut bien entendu lutter pour que les agricultrices –et les agriculteurs !- accèdent à de meilleures retraites et à des prestations sociales équivalentes au reste de la population, et en lien avec leurs vies professionnelle.
Mais sans occulter cet aspect majeur de l’équation : la performance économique des exploitations. Qui passe par une augmentation de la valeur ajoutée (un aspect souvent bien compris) mais aussi la capacité à se libérer du temps pour se consacrer à des activités stratégiques via la délégation des travaux, l’accès à des matériels performants et des charges maîtrisées.