Un vrai faux faucon, mais pas en carton. Le drone présenté en Ille-et-Vilaine les 28 et 29 septembre au salon « La terre est notre métier » est un oiseau muni d’ailes en polystyrène, renforcées de tiges de carbone. La fabrication paraît simple, mais le mouvement de ces ailes en vol va jusqu’à reproduire une ondulation, semblable à celles des ailes en chair, en os et en plumes.
Un oiseau qui vole de ses propres ailes
Car le drone aux allures de volatil se meut sans la moindre hélice, grâce aux mouvements de ses ailes. Si les concepteurs néerlandais se sont amusés à pousser l’imitation jusqu’à ce détail, c’est que sa destinée est professionnelle: effaroucher les oiseaux indésirables, qu’ils soient près des pistes des aéroports ou des unités de production agricole, par exemple.
Apprendre à voler comme un rapace pour apprendre aux oiseaux à voler ailleurs
En France, Robird, puisque c’est son nom, sera piloté par Eagle view, un constructeur et opérateur de drones dépendant d’un groupe spécialisé dans l’inspection industrielle et qui propose donc désormais des prestations opérationnelles qui pourraient éveiller l’intérêt agricole. «Nous vendons une prestation», pas le drone en lui-même, clarifient Loïc Haute et Ali Merdji, car outre la maîtrise de l’engin volant télécommandé, il faut par exemple avoir acquis la compétence de le faire se comporter comme un vrai prédateur, ou encore connaître la psychologie des oiseaux qu’il va chasser.
Avant l’intervention du drone, qui se fait en plusieurs sorties pouvant s’étaler sur plusieurs jours, «nous faisons une analyse du terrain, du repérage…» puis avec le drone, «on regroupe les oiseaux et on les chasse, dans un rayon de 5km, vers un endroit où ils se plairont et resteront, comme une forêt.» L’idée est que les oiseaux comprennent qu’ils étaient sur un territoire de chasse.
Se regrouper entre voisins
Aux Pays-Bas, «ils ont une réussite de 80%», réussite signifiant que le groupe évacué ne revient pas sur la zone. «Plus il y a d’oiseaux, et mieux ça marche», complètent les entrepreneurs. Vu que l’échelle de leur intervention est territoriale et étant donné le coût de la prestation, de l’ordre de 1000 à 1500€ selon les cas, le temps à passer… sans fermer la porte aux initiatives isolées, «nous cherchons aussi à travailler avec un groupe d’agriculteurs concernés par un problème à un endroit donné.» Avec son épouvantail volant, Eagle view n’a l’ambition de ne chasser que ce qui vole. Les lapins peuvent encore faire les malins.