Depuis 20 ans à Pouzy-Mesangy et 40 à Sazeret, des cuma sont équipées de broyeurs-mélangeurs. A chaque fois, une vingtaine d’agriculteurs s’organise autour de ces matériels, trop chers pour une acquisition personnelle mais tellement pratiques.
Comme bien des activités cuma, la recette est simple : des éleveurs qui veulent faire autrement, se retrouvent et réunissent un volume d’activité suffisant dans un rayon pas trop grand (le plus souvent, 10 km ou à une demi-heure de tracteur maxi). Puis un responsable est choisi et chargé des réservations et de l’entretien courant.
Au moment de réaliser l’investissement ou de son renouvellement, le constat est régulier : l’offre n’est pas très étoffée, quatre ou cinq modèles tout au plus. La plupart ont fait leur preuve avec chacun leurs avantages.
Répondre aux besoins
A Pouzy-Mesangy comme à Sazeret, il n’y a pas qu’un seul broyeur dans la cuma. Ainsi, chacun trouve son compte dans la diversité des modèles. « D’une même machine, tout le monde ne tire pas le même bénéfice et n’en fait pas le même usage », remarque Julien Bayot de la cuma de la Burge à Pouzy-Mesangy.
En effet, la taille de l’élevage et la présence d’engraissement détermineront souvent les besoins et le mode d’utilisation. Certains, grands consommateurs d’aliments, sont équipés de stockages importants et de mélangeuses. Ils préféreront broyer moins souvent mais de grandes quantités, sans utiliser la fonction mélangeuse du broyeur. C’est le bol mélangeur utilisé quotidiennement qui « fabriquera » la ration finale.
D’autres, aux besoins plus restreints et/ou non équipés de stockages conséquents, profitent de la fonction mélangeuse du broyeur pour intégrer les tourteaux et autres condiments, obtenant ainsi un aliment fini. « Tout le monde s’y retrouve. »
Pour autant, à la cuma de la Burge, quelques adhérents réfléchissent, lors d’un prochain renouvellement, à un broyeur sans mélangeuse privilégiant ainsi le rendement du chantier. En effet, le passage en vis mélangeuse augmente le temps de traitement et, selon les modèles, cette phase est incontournable, même s’il n’y a rien à mélanger, simplement parce que le matériel a été conçu ainsi.
La diversité des situations pourrait conduire à des groupes de taille étendue. Mais les choses se calent simplement. « Tout le monde est à une demi-heure maxi d’un broyeur », signale Christophe Sommeiller, président de la cuma à Sazeret. Situation identique à Mesangy. Pas d’engagement non plus dans ces activités, car l’intérêt semble tellement évident qu’il n’est pas besoin de tenir les gens par un contrat.
Facturation : chacun sa solution
Reste la question de la facturation. Le volume travaillé serait l’unité la plus logique, mais comment la mesurer de manière satisfaisante ? Difficile d’être assez précis. En la matière, le compteur est un juge de paix, mais encore faut-il compter quelque chose de proportionnel à l’utilisation de la machine. « Nous avons choisi l’hubodomètre », indique Julien Bayot.
Ce compteur de tours est placé sur un arbre et compte… des tours d’arbre. La cuma facture donc des tours. Cela revient entre 4 et 6 €/t selon que les grilles à céréales sont utilisées ou d’autres aux trous plus gros. A Sazeret, un compteur enregistre le temps quand la prise de force est en fonction. La cuma facture 0,75 €/mn ce qui correspond à environ 5 €/t.
A ce niveau, les tarifs valorisent donc bien le travail réalisé au regard du coût des prestations de travail à façon réalisées ailleurs (qui incluent la main-d’œuvre). Cependant, un tracteur de 100 ch est nécessaire et son prix de revient de 15 €/h, fioul compris, est à ajouter.
Ne pas faire l’année de trop
Quant au rythme de renouvellement, Christophe Sommeiller, Jean-Pierre Caillot et Frédéric Valette, forts de leur quarante ans d’expérience, estiment qu’« il ne faut pas faire l’année de trop. Six ans et 10 000 tonnes semblent un bon format ».
Les renouvellements s’effectuent au fil de l’évolution des besoins. A l’avenir, l’idée des moulins mobiles en cuma reste partagée. Il s’agit toutefois de trouver la complémentarité entre les « petits chantiers avec mélange » et les « gros chantiers seulement pour le broyage ». Parfois, un tiers des adhérents traitent les deux tiers du volume, tandis que les autres sont attachés à la disponibilité et à des chantiers de 2 heures correspondant à leurs équipements. Le matériel n’est pas le même pour tous et le rendement de chantier varie, selon les modèles, de 5 à 10 t/heure. Une organisation proche des attentes de chacun est en construction. De substantielles économies en découlent grâce à un peu de coordination. Les difficultés rencontrées par les cuma ont davantage porté sur la fiabilité de quelques modèles (aujourd’hui disparus) et sur des options pas toujours très fiables surtout lorsqu’elles s’apparentent à des prototypes. Une somme d’expériences qui rendent les groupes prêts à s’engager dans les prochains renouvellements.