Ça n’est pas un mystère: seule une minorité d’installations bénéficient de la Dotation jeune agriculteur (DJA) en Occitanie. Actuellement, ceux qui rentrent dans ce parcours touchent en moyenne 30.000€ d’aides à l’installation. Ils bénéficient notamment d’une bonification de 10 ou 20% s’ils adhèrent à une cuma et suivent, dans les quatre ans suivant leur installation, une formation axée sur la stratégie de mécanisation. «Logique», défendent Pascal Ichanjou et Raymond Llorens, respectivement directeur et secrétaire de la frcuma Occitanie, en charge de l’installation. «En adhérant à une cuma, les jeunes installés diminuent les charges de mécanisation de leur exploitation et accèdent à des matériels performants. Cela libère de la trésorerie qu’ils peuvent réinjecter dans des investissements plus structurels; on pense au foncier, au matériel végétal, à un nouvel atelier d’élevage…»
Aides à l’installation et aux investissements
Les équipes du réseau cuma n’éludent pas non plus tous les liens entre agriculteurs qui peuvent se tisser à l’occasion des réflexions qui émergent dans les cuma, autour des matériels mais aussi de l’emploi partagé. L’humain et le relationnel: une donnée moins mise en avant, mais tout aussi importante pour la pérennité des exploitations. Et qui fonde donc la bonification de la Dotation jeune agriculteur lorsque le candidat investit dans des parts sociales de matériels en cuma.
La DJA repose sur une aide au démarrage de l’activité agricole. Elle est complétée par des aides aux investissements.
Sans dévoiler la teneur des négociations qui se tiennent actuellement et qui aboutiront en 2022, Pascal Ichanjou et Raymond Llorens indiquent que les représentants de l’Union européenne, de l’État et de la Région, associés à des réseaux de terrain comme celui des cuma travaillent à ouvrir les critères d’aide à l’installation, mais aussi aux investissements, aux nouveaux profils d’installés.
Car ils constituent désormais un contingent important des nouveaux chefs d’exploitation, du moins en Occitanie. Des profils de candidats hors-cadre, plus âgés, venus d’horizons divers. «Nous défendons le maintien de la bonification pour les candidats à la DJA qui souhaitent adhérer à au moins une cuma, mais aussi l’extension de ce critère aux nouveaux installés qui vont bénéficier de ce nouveau type de soutien», expliquent-ils.
«Nous imaginons aussi de nouveaux dispositifs, précise Pascal Ichanjou. Nous souhaitons par exemple travailler davantage avec l’enseignement agricole pour proposer des modules de formations sur l’agriculture de groupe et la stratégie de mécanisation. Cela implique notamment de trouver des financements pour mettre en œuvre ces parcours pédagogiques.»
Des observateurs avisés
«Il faut revenir à une image plus réaliste de l’agriculture», réagit Raymond Llorens. Le viticulteur héraultais déplore «une image caricaturale: l’agriculture de conservation ou raisonnée est très peu évoquée, par exemple.»
Les responsables de cuma sont aussi aux premières loges lorsqu’il s’agit de repérer les chefs d’exploitation dans l’incertitude quant à la reprise de leurs exploitations. «C’est évident par exemple lorsque les responsables discutent du renouvellement des matériels, quand il faut s’engager sur un certain nombre d’années», reprend Pascal Ichanjou.
«Le réseau des cuma offre des possibilités pour repérer et sensibiliser certains cédants. Nous souhaitons donc construire un dispositif de mise en relation entre ces cédants et les structures qui accompagnent la transmission», concluent-ils.
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