Avec plus de 360 milliards d’euros alloués entre 2014 et 2020, soit environ 40% du budget de l’Union européenne (dont 9,1 milliards d’euros par an pour la France), la PAC est un fromage aussi vital qu’appétissant pour l’agriculture nationale. Mais son avenir est incertain dans le contexte du Brexit, avec une possible baisse des crédits, à laquelle la France s’oppose fermement.
Le Rassemblement national estime qu’il est nécessaire d’arrêter ce programme pour « instaurer une Politique agricole française », capable de « protéger l’agriculture française face à la concurrence déloyale » et de « mettre en valeur et favoriser à l’international les richesses de notre terroir ». Le RN met aussi l’accent sur la défense des « petites et moyennes exploitations agricoles », en s’appuyant sur le principe du « localisme » qui s’attache à privilégier les circuits courts.
Pour le reste du champ politique, attaché à la PAC, se pose la même problématique, résumée par le Parti communiste: comment allier « l’impératif d’un travail rémunérateur et celui d’une agriculture paysanne libérée de la pression du rendement à tout prix et du recours aux pesticides ».
Pour la République en marche, il s’agit d’abord de « ramener de la sérénité dans les exploitations agricoles », dixit l’éleveur et candidat Jérémy Decerle, en érigeant le revenu des exploitants comme première priorité.
Le parti présidentiel affiche sa volonté de « défendre le budget agricole » mais en revoyant le système des aides qui ne doivent plus être allouées à l’hectare, ce qui favorise l’agrandissement des exploitations, mais en les concentrant « sur les exploitations petites et moyennes, les exploitations familiales, celles qui jouent le jeu de la transition écologique, en diminuant les pesticides, en sortant du glyphosate, en privilégiant le bio », selon l’écologiste et N.2 de la liste Pascal Canfin.
De manière générale, sanctuariser le budget de la PAC, flécher les aides vers la transition écologique et protéger les petites exploitations (une particularité française) font largement consensus à droite comme à gauche.
Un volet « Alimentation »
Par exemple, PS-Place Publique milite pour attribuer 70% du budget de la PAC « aux pratiques agricoles qui visent à l’abandon des pesticides et des engrais de synthèse, afin de permettre la restauration des sols, une meilleure gestion des ressources en eau et l’entretien des paysages et de la biodiversité ». Générations évoque la création d’un « bouclier bio qui financera intégralement les coûts du passage à l’agriculture biologique pour les agriculteurs ».
La France insoumise plaide de son côté pour « sortir des pesticides, des néonicotinoïdes et des OGM ». « Si l’UE ne prend pas ces mesures, chaque Etat doit pouvoir les appliquer unilatéralement y compris vis-à-vis des importations en provenance d’autres pays de l’UE », ajoute LFI.
A gauche, les formations s’accordent pour inclure un volet « alimentation » dans la PAC.
La France insoumise propose ainsi de « réduire fortement la part de l’alimentation carnée notamment en favorisant des subventions de la PAC pour les cultures végétales à destination de l’alimentation humaine ». PS-Place publique demande de son côté « une TVA à taux réduit sur les produits de l’agriculture biologique »
« Nous voulons favoriser l’alimentation locale, avec la généralisation des plans alimentaires territoriaux, des journées européennes végétariennes et bio dans les cantines scolaires et la restauration collective, le retrait des aides de la PAC en cas d’exportation et l’instauration d’un conditionnement des aides à un critère territorial pour relocaliser l’agriculture », détaille Europe Ecologie – Les Verts.
Moins teinté d’écologie, le programme des Républicains se distingue par sa volonté de rétablir le « préférence communautaire dans le domaine agricole » mais aussi par la création d’un « Fonds européen permanent de prévention et de gestion des crises agricoles pour intervenir rapidement en dehors du principe budgétaire d’annualité de la PAC ». LR appelle aussi à défendre « des synergies avec d’autres programmes européens », prenant comme exemple « les applications du secteur spatial au secteur agricole dans la gestion des terres et des ressources ».