Les perspectives mondiales de l’économie laitière retrouvent un peu de couleurs d’après Agritel, société experte sur les marchés agricoles. Les cotations du lait liquide, de la poudre de lait, du beurre, du lactosérum sont en hausse. Mais ces frémissements ne suffisent pas à redonner le moral aux producteurs français pour lesquels une hausse rapide des cours est indispensable (voir aussi notre article consacré à la crise laitière). Rappel : au premier semestre 2016, le prix du lait payé en France s’est élevé seulement à 304 €/1.000 litres en moyenne, selon Eurostat. C’est clairement insuffisant pour sortir un salaire dans de très nombreux élevages qui en outre, doivent faire face cette année à des ensilages maïs calamiteux pour cause de sécheresse.
Un lait français trop payé ?
Dans un communiqué du 1er septembre, la FNIL (Fédération Nationale de l’industrie Laitière) apporte une autre lecture de la situation actuelle qui risque d’irriter les producteurs français. En effet, les industriels jugent que l’écart de prix avec les pays concurrents n’est pas tenable. Pour le 1er semestre 2016, les prix du lait payés en moyenne aux producteurs étaient seulement de 270 € en Allemagne, 283 aux Pays-Bas, 292 au Danemark, 260 en Irlande, 253 en Belgique, 255 en Pologne. Dans ces conditions, les exportations françaises (44% du lait produit en France, soit 11 milliards de litres sur 25 milliards) seront mises à mal, redoutent les industriels qui réagissent à l’accord conclu avec Lactalis. «Depuis deux ans, les prix du lait payés en France sont très supérieurs à l’environnement concurrentiel. Cette situation va s’aggraver avec les événements de ces derniers jours», pronostique la FNIL.
Régulation volontaire ou obligatoire
Le bien-fondé d’une régulation de la production européenne pour assainir les marchés n’est pas évoqué dans ce communiqué. Cette idée n’est pas non plus la tasse de thé de l’Irlandais Phil Hogan, commissaire européen à l’agriculture, ni de certains pays d’Europe du Nord, à commencer par l’Irlande, allergique à ce qui pourrait ressembler (même de loin) à un retour provisoire des quotas laitiers.
Dans ce contexte, la mise en place récente d’un plan de réduction volontaire des volumes par les éleveurs européens, a été tardive. Et sa réussite n’est pas garantie. Elle dépend du bon-vouloir des Etats pour accompagner cette mesure par des subventions suffisantes afin de la rendre attractive. La Belgique après la France a pris cette voie. Elle propose à son tour de subventionner le lait non produit pour les 10 premiers pour cents de volumes non produit entre le 1er octobre et le 31 décembre 2016, par rapport à la même période en 2015. L’aide s’élève à 0, 24 € par litre non produit. Mais si dans le même temps, d’autres pays poursuivent l’augmentation de leur production, cela annulera l’impact de cette mesure de régulation volontaire. C’est pourquoi certains défendent l’éventualité de rendre «obligatoire» un contingentement momentané de la production à l’échelle de l’Union Européenne pour assainir durablement le marché.