On ne cesse d’entendre parler des records de températures de cet automne et plus précisément de celles du mois d’octobre. Après les canicules et la sécheresse de cet été, quels impacts cet été indien a eu sur les cultures dans l’Hexagone ?
Météo favorable pour la plante avec cet été indien
Septembre en octobre, c’est ce qu’indique Arvalis dans ses communications. « En octobre, en moyenne sur près de 300 stations météorologiques, l’anomalie de température a été mesurée avec une hausse de 3,3°C par rapport aux normales de saison. Evidemment, cette météorologie estivale a été associée à un rayonnement moyen en légère hausse (+4 %) et à des précipitations en baisse sur 80 % du territoire. »
En colza, les conditions automnales étaient favorables au développement des plantes. « Les semis ont été réalisés dans la poussière ou ont été suivis d’un orage en août ou de précipitations en septembre », a constaté Elodie Joudelat, conseillère en productions végétale à la chambre d’agriculture de l’Yonne. « La levée a donc été très hétérogène. Mais depuis, les conditions météorologiques ont permis aux colzas implantés plus tardivement de combler leur retard. »
Moins d’azote à apporter ?
L’été indien a permis une bonne pousse des plantes. « À ce jour, on estime la biomasse supérieure à 1,5 kg/m², seuil à franchir avant l’hiver, ajoute-t-elle. Dans certains cas, cette valeur est même doublée. » Une chance pour le colza qui résiste donc plus facilement aux ravageurs, notamment aux altises. Si bien qu’en Bourgogne Franche-Comté, zone suivie par Elodie Joudelat, quasiment aucun insecticide n’a été appliqué.
En cas, d’infestation, certains agriculteurs pratiquent le broyage ou le pâturage dans le but de détruire les feuilles infestées avant que la larve vienne s’installer au cœur de la plante. Une technique étudiée par la filière, mais qui ne remplacera pas l’utilisation d’insecticides de plus en plus restreinte. À l’image du phosmet interdit depuis le 31 octobre et remplacé par le cyantraniliprole. Cette matière active a obtenu une dérogation d’une utilisation sur 120 jours.
Si ce climat se poursuit, des économies d’engrais peuvent se profiler. « Avec un tel développement des colzas, il faut bien raisonner son apport en azote », conseille Elodie Joudelat. « Plus il est beau, moins il aura besoin d’azote au printemps. D’autant que la météo a favorisé la minéralisation de l’azote dans le sol. » En revanche, il faudra surveiller les populations de larves, car en cas d’hiver doux, le nombre de ravageurs risque d’exploser au retour des beaux jours.
Surveiller les insectes
Dans toutes les régions céréalières de France, les semis ont été réalisé dans de bonnes conditions. Toutefois, avec certains sols secs, même avec un travail du sol fin, des lits de semences restent grossiers. Cela peut influer sur la levée des graines. Mais de manière générale, il faut s’attendre à une levée plus précoce tant que l’humidité du sol est suffisante.
« La douceur que nous venons de connaître va conduire à des stades foliaires plus avancés à date calendaire constante », annonce Arvalis. « Le contexte climatique de 2022 va générer des feuilles légèrement plus grandes et des parcelles qui paraissent déjà très vertes. »
Cependant, la douceur du mois d’octobre « a pu favoriser le maintien de l’activité des pucerons et cicadelles », prévient l’institut. « La sécheresse a sans doute gêné l’activité des limaces. » Mais il faut rester vigilant, avec les conditions météo plus humides et fraiches, ce ravageur peut retrouver de la vigueur.
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