L’ensemble du territoire est concerné après la découverte de foyers d’influenza aviaire H5N8, « hautement pathogène » pour les oiseaux, dans des élevages du Sud-Ouest et de cas dans la faune sauvage dans le Pas-de-Calais et en Haute-Savoie, a annoncé le ministère de l’Agriculture. Ce choix a été motivé par « l’évolution rapide de la situation sanitaire en France et dans plusieurs pays d’Europe, et par la dynamique de propagation du virus », transporté par des oiseaux migrateurs, précise le ministère dans un communiqué. Plusieurs pays européens ont déjà été touchés par le virus H5N8, dont la Suède, les Pays-Bas, l’Allemagne et la Suisse, qui ont pris des mesures similaires, prévues par le droit européen. « Tant que les flux migratoires ne sont pas terminés, on peut avoir des oiseaux migrateurs qui se posent et meurent dans les zones humides ou en dehors », risquant de disséminer la maladie, a expliqué à l’AFP Loïc Evain, directeur général adjoint de l’Alimentation au ministère de l’Agriculture. L’élévation du niveau de risque est liée au fait que la volaille domestique a été contaminée, y compris hors des zones humides, a-t-il ajouté. Le risque « élevé » déclenche l’instauration de mesures de protection renforcées sur l’ensemble du territoire national: obligation de confinement ou de pose de filets pour empêcher tout contact avec les oiseaux sauvages pour tous les élevages commerciaux de volailles et les basses-cours, interdiction de tout rassemblement de volailles vivantes, en particulier sur les marchés. Pour M. Evain, « il y a deux fronts en parallèle: il faut protéger les élevages d’une contamination par la faune sauvage, et une fois que la contamination est avérée sur la volaille domestique, il faut absolument éviter qu’elle ne se propage de volaille domestique à volaille domestique ».
– Mobilisation et engagement –
Les éleveurs de volailles connaissent et appliquent généralement les mesures sanitaires d’urgence, mais il est plus difficile d’informer les autres personnes concernées: les particuliers possédant une basse-cour privée ou les chasseurs. Les préfets « ont fait passer des messages aux propriétaires de basse-cour par l’intermédiaire des maires », a expliqué M. Evain. Concernant la chasse, les lâchers de gibiers d’eau à plume sont également interdits. Les lâchers dans la nature de faisans et de perdrix d’élevage (qui ne sont pas des gibiers d’eau) destinés à la chasse peuvent être autorisés à condition que cela soit fait à une distance raisonnable de plans d’eau. De même pour l’utilisation des appelants (oiseaux d’élevage servant d’appâts vivants pour les oiseaux sauvages de même espèce). « La gestion de ce nouvel épisode d’influenza aviaire dépend de la mobilisation et l’engagement de tous les acteurs du secteur », souligne le ministère. Même si le virus ne présente aucun danger pour l’homme et que canards et autres volailles restent consommables, cette épizootie est un nouveau coup dur pour la filière déjà frappée par une épidémie et une suspension de l’élevage au printemps dernier. L’épizootie de grippe aviaire qui avait touché le Sud-Ouest avait entraîné un vide sanitaire de plusieurs mois pendant lesquels les exploitations avaient cessé de fonctionner. Cette mesure drastique avait permis de venir à bout du virus, au prix d’une perte de production de 25% pour la filière foie gras et d’un coût global estimé à 500 millions d’euros pour l’ensemble de la filière. Cette première épidémie avait aussi fait perdre à la France son statut de pays indemne de la grippe avaire, ce qui lui avait fermé de nombreuses destinations à l’exportation en dehors de l’Union européenne, en particulier le lucratif marché japonais.
Paris, 6 déc 2016 (AFP).