Un mètre cube de lisier soigneusement épandu pour 2,24 €. En Ille-et-Vilaine, les adhérents de 25 cuma accèdent à ce service pour ce coût moyen. Depuis 2013, l’activité poursuit son essor. En 1985, c’est pour l’activité big-balers que l’intercuma de Haute-Vilaine avait été créée. Mais si la flotte des sept presses occupe toujours la plus haute marche du podium (299 k€ en 2017), le lisier est l’activité qui monte et talonne désormais le pressage avec 234 k€ de CA, pour 100 000 m3 de fertilisant épandu. Pour ce volume, l’intercuma s’est dotée de deux tonnes Mauguin de 24 m3, avec systèmes pendillards et enfouisseur. Valeur neuve d’une remorque et son tracteur adapté, plus de 350 000 €, autant dire qu’une relative efficacité lui est demandée.
conditions de travail
Cette année pour les maïs, « il n’y aura qu’une tonne sur laquelle les enfouisseurs seront montés », car il y a urgence. La météo a comprimé la période de travail. Et pour la même raison, les journées sont longues. « Les tonnes tournent une vingtaine d’heures par jour en ce moment », explique Martial Béasse, le président. « L’idéal serait qu’elles ne fassent que 16 heures car nous voulions éviter le travail de nuit. » En effet, c’est l’organisation sur laquelle les responsables du collectif souhaitent baser le service sur un rythme de 2×8 pour affronter un pic normal de travail. Dans ce schéma, « sur chaque ensemble, il faut avoir 2,5 à 3 chauffeurs ». Au moment du coup d’envoi des semis de printemps 2018, deux personnes se relaient, épaulées par un voire deux autres salariés. Pour chaque tonne, « un des chauffeurs gère aussi le planning, établi tous les vendredis en fonction des appels reçus ».
« Le défi du chantier complet se situe sur la main-d’œuvre », insiste le président de l’intercuma qui a dû faire face au départ de deux salariés avant la saison et remis à plus tard d’éventuels projets d’un troisième attelage… pour gérer l’urgence et « stabiliser les deux ensembles ». L’importance du facteur humain se retrouve à un autre niveau, dans la réussite d’une telle entreprise : « Il faut des responsables compétents et qui s’investissent. » Martial concède qu’il y a du temps et de l’énergie à dépenser. Dans l’organigramme de l’épandage en Haute-Vilaine, plutôt que d’avoir multiplié le nombre d’interlocuteurs, « nous avons un responsable pour 5 ou 6 cuma ».
Vu l’engouement, l’activité lisier devrait bientôt devenir la première source de chiffre d’affaires pour l’intercuma dont le président imagine les prochains développements. Un ensemble capable d’intervenir sur prairie avec des enfouisseurs à disques ? Des systèmes avec analyseur et DPA ? Télégonflage ? Ce qui est sûr, c’est que l’intercuma a déjà réfléchi à l’idée de l’épandage sans tonne et l’a écartée. « Nous avons peu de distance à faire d’une manière générale », résume Martial Béasse. Avec un tarif dissuasif, les adhérents concernés s’organisent pour réaliser en amont le transport ou louer du matériel supplémentaire.
L’adhérent avant tout
Ce choix fait partie de ceux qui sont à faire, comme celui de se lancer : « L’avantage de ces engins est qu’ils rendent plus de surface accessible. Ils sont précis, réduisent aussi les pertes d’azote… » Bref, l’adhérent accède à un meilleur service et pour un tarif moins élevé. « Pour les cuma, il faut accepter de mettre entre parenthèses le chiffre d’affaires épandage et se rappeler que c’est l’adhérent qui doit y gagner. » Pour ce dernier, accéder à l’excellence n’est pas non plus sans concession. Outre le tarif qui impose de mettre sa propre organisation au diapason, « nous sommes exigeants sur les accès de fosse. Ils doivent être dégagés, corrects du point de vue de la sécurité ». Il en va de même pour les accès des parcelles. « Il faut aussi que la fosse soit bien malaxée » et sans déchets plastiques, cailloux… Uniquement de l’engrais organique à l’état pur.
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