Début juin 2024, Nicolas Cordeau jeune éleveur caprin du sud Vienne, est au volant de l’ensileuse d’occasion John Deere 6750. La cuma l’a achetée dans une cuma de l’Orne en 2012. La machine affiche au compteur 2 700 heures au total, dont 2 000 h au rotor. C’est la troisième ensileuse dans la cuma, se remémore Jean-Claude Provost le trésorier, depuis la création de la cuma, il y a une quarantaine d’années. La machine n’est pas de prime jeunesse. Elle est sortie d’usine au début des années 2000. Forcément, elle ne dispose pas des dernières technologies qui équipent désormais les nouvelles ensileuses. « Elle n’a pas beaucoup d’équipements électroniques qui pourraient être source de pannes. Elle n’est pas trop fragile, car c’est une mécanique assez simple », juge le chauffeur. Les adhérents réalisent eux-mêmes l’entretien quotidien de la machine. L’entretien approfondi est en revanche confié à une entreprise locale.
Peu d’hectares et peu de pannes avec l’ensileuse d’occasion
Ce type d’ensileuse fait figure de petit gabarit à présent sur le marché des ensileuses, avec un bec de 6 rangs, pour une puissance de 365 ch. Mais ce calibre suffit amplement aux besoins des adhérents. La surface totale à ensiler, herbe et maïs, oscille en effet de 60 à 80 ha par an.
« Nous sommes cinq exploitations engagées sur l’activité d’ensilage, dont deux avec des surfaces plus importantes », détaille Nicolas Cordeau. « On n’a pas un planning surchargé. En conséquence, on peut aller ensiler chez chacun à la bonne date. Nous sommes en capacité de récolter au bon stade le maïs à 30-32 % de taux de MS, de prendre le temps de procéder aux bons réglages de longueur de brins et de qualité d’éclatage, après avoir effectué l’entretien matinal de la machine avec un affûtage régulier d’environ 45 min le matin », précise-t-il.
Ensileuse d’occasion : aller à son rythme
Ils vont à leur rythme. « On s’arrête le midi pour manger ensemble et on s’entraide le soir pour mettre la bâche. En maïs ensilé sec, on tourne à une quinzaine d’hectares ensilés par jour. Et plutôt à douze à treize hectares en maïs irrigué », souligne-t-il. La cuma de Blanzay nord a rajouté une cuve pour mettre du conservateur d’ensilage, diffusé via deux buses disposées sur le pick-up. Cette fonctionnalité est utilisée notamment lors des ensilages de luzerne réalisés chez les éleveurs caprins du groupe.
Le déroulement des chantiers répond à l’aspiration des adhérents, confirme Jean-Claude Provost, dont la fonction est aussi d’assurer le tassement des silos, chez tous les adhérents, avec le plus souvent l’aide d’un deuxième tracteur tasseur. En règle générale, trois à quatre remorques sont réquisitionnées pour le transport, en fonction de la distance entre la parcelle et le silo.
Question prix, la cuma tient la corde par rapport aux prestations facturées par les ETA du coin. « On est sur des tarifs de l’ordre de 100 €/ ha pour l’herbe et 115 à 120 €/ha pour le maïs ensilage irrigué, hors GNR à la charge de l’adhérent », indiquent les responsables.
Trouver des chauffeurs…
Deux points sensibles questionnent toutefois l’avenir de cette organisation mise en place autour de l’ensilage. D’abord, la disponibilité en main-d’œuvre. Entre la conduite de l’ensileuse, celles des remorques et des tracteurs au tas, c’est à chaque fois six à sept personnes qui sont mobilisées, observent Nicolas et Jean-Claude. Or, dans cette zone intermédiaire où la place des exploitations d’élevage tend à se réduire, ce sera peut-être difficile, à l’avenir, de réunir pour chaque chantier d’ensilage, tout le personnel nécessaire. D’autant plus qu’un certain nombre d’exploitations, autrefois en élevage, se sont converties à la céréaliculture au fil des ans. Et donc n’ensilent plus. Comment, dans ces conditions, rendre le service apporté par les exploitants céréaliers qui mettent à disposition une remorque et un chauffeur ? Heureusement, pour l’instant, les jeunes retraités continuent à proposer leurs services.
Deuxième sujet d’inquiétude : l’augmentation des puissances et des coûts des ensileuses sur le marché. La cuma de Blanzay nord pourra-t-elle encore trouver, sur le marché de l’occasion, des machines à sa portée ? Par souci d’anticipation, la cuma continue de facturer aujourd’hui l’ensilage à un tarif un peu plus élevé que le coût réel, dans la mesure où la machine actuelle est comptablement amortie. Ce qui prédispose la cuma de Blanzay nord à pouvoir financer plus facilement le renouvellement de sa machine. Mais le pari du renouvellement n’est pas sans risques. Pour tempérer ces inquiétudes, l’équipe en place mise sur la bonne cohésion du noyau d’éléveurs actuels, toujours en veille pour trouver le meilleur compromis technico-économique qui réponde à ses attentes.
La cuma de Blanzay nord
La cuma de Blanzay nord regroupe au total une trentaine d’activités pour un chiffre d’affaires de 120 000 €. Dans un esprit de responsabilisation des adhérents, chacun doit suivre au moins un matériel. Le parc compte différents outils utilisés pour le semis, le travail du sol, la récolte d’herbe, le broyage, l’épandage de fumier et d’engrais… Mais aussi du matériel pour le broyage des pierres, ainsi qu’une pelle de 8 t qui apporte de précieux services pour les chantiers de terrassement des adhérents. Quant à l’activité triage de grains portée par la cuma, elle suscite de plus en plus d’intérêt. Elle se décline sur une large zone géographique, qui dépasse le périmètre d’activité habituel de la cuma.
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