Ensilage réussi ? Super, les 40 ha sont passés dans la journée ! « Cette habituelle conversation traduit certainement un manque de révérence à l’art que constitue cette récolte particulière. Le chantier d’ensilage performant est avant tout « celui qui aura produit un fourrage de bonne qualité, c’est-à-dire bien fait et convenablement mis en conservation », rappelle Michel Seznec, référent ensilage des cuma dans l’Ouest. Car la finalité d’une culture fourragère reste d’être valorisée du mieux possible par le cheptel.
Mieux vaut payer 1h d’ensileuse en plus que de perdre en qualité
Par voie de conséquence, le critère de la célérité du chantier ne saurait donc être l’unique déterminant de sa réussite. Et un des premiers conseils, qui en résume d’autres, serait même de savoir prendre le temps nécessaire pour assurer sur le plan de la qualité.
« Le maïs, l’éleveur l’utilise tout au long de l’année, appuie Michel Seznec. Il sera donc toujours plus performant en payant une heure d’ensileuse en plus, qu’en perdant en qualité. »
Une grande attention est tout d’abord requise quant au bris suffisant des grains.
Or « serrer les rouleaux d’éclateur d’un millimètre supplémentaire a un impact de l’ordre de 3 à 5 % sur le débit de chantier, continue le spécialiste de l’ensilage. Ça représente peut-être une demi-heure de plus pour un chantier de 30 ha. Et prendre aussi un quart d’heure pour observer le grain grâce à un test de la bassine, c’est vraiment peu d’investissement au regard de l’enjeu. »
Un bon chauffeur pour un ensilage réussi
« Il faut que le chauffeur soit capable de faire une pause pour affûter ses couteaux. S’il a un doute, par exemple sur l’adaptation des réglages parce qu’il constate que le maïs n’est plus le même que dans la précédente parcelle, il doit aussi pouvoir alerter l’éleveur. Il lui conseillera alors de regarder dans les remorques », glisse l’expert.
Dans la recherche de performance, gare à l’excès de vitesse. Le fait est que la régularité lui est largement préférable. Si l’ensileuse qui roule à plus de 6 ou 7 km/h oblige tout son cortège à s’activer en mode “course de kart”, « il faudra plus souvent s’arrêter, par exemple lors des changements de remorques, explique Michel Seznec. Ce sera plus facile de rester régulier en avançant un peu moins vite. »
Consommer moins de carburant
Un ensilage réussi, c’est aussi faire des économies de GNR. Et une allure plus modérée, c’est aussi moins d’usure pour l’ensemble des matériels et moins de pénibilité pour leur chauffeur qui gagne en sérénité.
Il est donc question de conduite. Un chauffeur expérimenté et connaissant parfaitement sa machine, son point de travail idéal dispose d’un atout crucial. À l’inverse, s’il pousse trop la cadence, « on se retrouve aussi à devoir gérer en permanence des variations de vitesse, de régime, etc. C’est une expérience que nous avons déjà observée sur des essais. Selon son chauffeur, le débit d’une machine peut être assez différent » développe le référent ensilage des cuma dans l’Ouest.
Investir dans un bec adapté à la puissance
Il est également question d’équipement. « Prendre de la puissance pour aller plus vite, mais sans prendre le bec adapté parce que l’investissement deviendrait trop important, ce n’est pas obligatoirement un bon choix. »
Michel Seznec conseille plutôt d’avoir un peu plus de largeur du bec « qui fait que la machine ira tranquillement ». Cette bonne adéquation dépendra bien entendu du contexte. Dans des régions, un ratio de 50 ch par rang constituera un bon compromis. Ailleurs, avec des rendements habituels de 14 tMS/ha, voire au-delà, « il en faudra plus. »
Compromis et anticipation dans l’organisation
Toujours côté matériel, pour un ensilage réussi, la base est de démarrer la journée avec une machine d’équerre et affûtée.
« Au début du chantier et assez régulièrement ensuite, il faut vérifier les réglages. On parle des écartements de fond de rotor ou de soufflerie… qui doivent respecter les préconisations du constructeur », reprend l’animateur machinisme. Passons enfin sur la nécessité d’un poids d’engins sur le silo qui sera suffisant, ou le respect du célèbre adage “à l’ensilage, le patron, c’est le silo” : la réussite de la récolte se joue bien entendu sur l’organisation. Là, le chef de chantier doit rendre des arbitrages, car l’efficacité est parfois antinomique avec la qualité du travail.
En effet, l’ordre d’enchaînement des parcelles idéal s’organise afin de poser les maïs les plus secs dans le fond du silo.
« Ils sont plus difficiles à hacher et éclater, explique Michel Seznec. C’est donc mieux de les attaquer juste après l’entretien journalier de la machine. » D’autre part, les maïs les moins avancés en maturité ont tendance à alimenter moins vite le silo. Ils laissent donc plus de temps aux tracteurs qui œuvrent sur le tas. « C’est mieux de garder ces parcelles aussi pour la fin de la journée. »
Permettre aux remorques pleines de faire le moins de distance
Mais Michel Seznec le concède, cet ordre optimal des parcelles ne sera pas obligatoirement celui qui rationalisera le mieux les déplacements. Sans compter qu’il faut intégrer d’autres paramètres, comme les horaires de disponibilité des différents chauffeurs de l’équipe.
« Il y a des chantiers où ça se passe très bien. La condition c’est que cette programmation soit anticipée », conclut-il. Pour favoriser la fluidité de la logistique, il glisse un dernier conseil : « Il faut bien s’attacher à ce que le circuit de circulation permette aux remorques pleines de faire le moins de distance. C’est sur ce genre de choses que l’on peut gagner du temps sans pénaliser la qualité de récolte. »
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