L’ISAAA (International Service for the Acquisition of Agri-biotech Applications), une ONG favorable aux OGM financée notamment par le groupe américain Monsanto, qui a publié ce décompte, voit dans l’augmentation des surfaces la confirmation de son verdict d’un recul uniquement « conjoncturel » en 2015, dû « aux prix bas mondiaux des denrées ».
La prédiction de l’ISAAA selon laquelle les plantations d’OGM repartiraient à la hausse dès que les prix augmenteraient « s’est réalisée », note le rapport annuel de l’ONG, « contrairement à la propagande des détracteurs selon laquelle la biotechnologie ne convainc pas les fermiers ».
En 2015, après 19 ans de croissance annuelle consécutive, les surfaces cultivées en OGM avaient reculé pour la première fois, de 1%, à 179,7 millions d’hectares contre 181,5 millions en 2014, selon le rapport 2015 de l’ISAAA. En 2016, les Etats-Unis continuent d’être au premier rang des pays OGM avec 72,9 millions d’hectares, suivis par le Brésil (49,1), l’Argentine (23,8), le Canada (11,6), et l’Inde (10,8). A eux cinq, ces pays représentent 91% de la superficie totale de plantations OGM.
Europe: augmentation de 17%
En Europe, les surfaces ont progressé de 17% par rapport à 2015, soit au total 136.363 hectares de maïs MON 81, commercialisé par Monsanto. C’est l’Espagne qui est le premier pays européen planteur d’OGM, avec 95% de la superficie de maïs génétiquement modifié de l’UE (129.081 hectares), et le seul où les surfaces sont en croissance.
Derrière, plutôt en baisse, arrivent le Portugal (7.069 hectares en 2016), la Slovaquie (138 hectares) et la République Tchèque (75 hectares). La Roumanie a arrêté les OGM en 2016. En Afrique, seuls l’Afrique du sud et le Soudan ont planté des OGM sur 2,8 millions d’hectares l’an passé, après une suspension au Burkina Faso et en Egypte.
Le Burkina Faso a renoncé au coton transgénique de Monsanto introduit en 2008, affirmant qu’il n’était pas rentable, et que sa fibre devenait de plus en plus courte, donc vendue moins cher sur les marchés mondiaux.
En Afrique, l’ISAAA souligne néanmoins l’avancée de la recherche et de la mise en place de cadres réglementaires permettant des cultures OGM : le Kenya, le Malawi et le Nigeria sont passés du stade de la « recherche » à « l’octroi d’autorisation de libération dans l’environnement », et six autres pays (Burkina Faso, Ethiopie, Ghana, Nigeria, Swaziland, et Ouganda) « tentent de mettre sur pied des essais multi-localisation en vue d’une autorisation commerciale », note avec satisfaction l’organisation.
En terme d’espèces végétales génétiquement modifiées, c’est le soja qui est le plus diffusé dans le monde, avec 91,4 millions d’hectares, soit la moitié de la superficie mondiale d’OGM. « Sur la planète OGM, le soja transgénique se porte bien, mais les surfaces de coton se cassent la figure » relève un opposant aux OGM, Christophe Noisette, animateur du site InfoGM, qui fait de la « veille citoyenne » sur le sujet.
Le coton OGM en recul
« Pour l’Inde, l’ISAAA évoque une baisse de 11,6 à 10,8 millions d’hectares de coton transgénique en 2016. Selon le gouvernement indien, le recul est encore plus important, à 8,5 contre 10,6 millions d’ha », relève M. Noisette. L’an passé, la valeur du marché mondial des plantes génétiquement modifiées, estimé par Cropnosis, était de 15,8 milliards de dollars, en hausse de 3% par rapport à 2015.
Selon son site internet, l’ISAAA, qui mène depuis 1996 le recensement des surfaces OGM dans le monde, est financée par des fondations et des donneurs privés, mais aussi par le ministère américain de l’Agriculture et le groupe Monsanto en cours de fusion avec le géant allemand Bayer. D’autres ne partagent pas cette analyse. « Ce rapport ne parle pas du tout des effets néfastes des OGM, alors que le bilan est très négatif, notamment en Amérique Latine » s’indigne Renée Velvée de l’ONG Grain.
Parmi eux, souligne-t-il, « des millions d’agriculteurs déplacés, des paysans assassinés parce qu’ils ont défendu leurs terres contre la monoculture industrielle du soja, des millions d’hectares de forêt native détruite au Brésil, et le développement débridé de l’élevage qui alimente le réchauffement climatique, sans parler des cancers liés à l’utilisation massive des herbicides ».