La cuma Lagnieu Posafol a embauché en début d’année 2019 un salarié. Quentin Laurent intervient sur les exploitations d’un petit groupe d’adhérents. Au sein de la cuma de Lagnieu Posafol, quatre exploitations avaient besoin d’un apport de main-d’œuvre insuffisante pour que chacune emploie un salarié. Après maintes discussions, il a été décidé que le salarié serait embauché par la cuma. Le choix s’est porté sur un des saisonniers, Quentin Laurent, qui avait effectué des stages sur les différentes exploitations du petit groupe. « Pour nous, il s’agissait d’offrir un emploi stabilisé à ce jeune qui, durant ses études, a souvent travaillé sur nos exploitations », explique Eric Viollet. « Pour certains d’entre nous qui sommes à quelques années de la retraite, c’est aussi une projection à long terme, en vue d’une éventuelle transmission d’activité. »
Gestion centralisée des heures
Cet emploi d’un salarié offre à ce petit groupe de nombreux avantages. Tout d’abord une intervention ajustée à leurs besoins. « Nous nous sommes répartis les heures de travail suivant la demande et les possibilités de chacun. Sur les 1 700 heures prévues par son contrat, Quentin Laurent consacre 90 % de son temps à deux exploitations et 10 % aux deux autres agriculteurs », explique Eric Viollet qui planifie les interventions. « C’est une formule extrêmement souple que nous gérons d’une semaine sur l’autre. Je centralise les demandes de chacun que je transmets à Quentin. Pour ce qui concerne la réglementation et les tâches administratives, nous avons l’aide de la fdcuma et de ses services. » Pour sa part, Quentin Laurent avoue apprécier de pouvoir bénéficier d’horaires souples qui peuvent être ajustés selon les nécessités.
Dimension groupement d’employeurs
En dépit de dispositifs comme le groupement d’employeur, l’intercuma, la cuma de Lancrans est confrontée à d’importants problèmes de main-d’œuvre. « Lorsque nous avons modifié l’adresse de notre siège en 2016, la fdcuma nous a conseillé de rajouter dans nos statuts la dimension groupement d’employeurs », se rappelle Alain Duborjal, président de la cuma. « Une fonction supplémentaire qui n’engage à rien, mais qui en période de pénurie de main-d’œuvre s’avère primordiale. »
Des difficultés récurrentes de recrutement
La cuma de Lancrans compte six adhérents, des éleveurs laitiers et vaches allaitantes. Deux d’entre eux employaient un même salarié à mi-temps chacun. « Dans ce type de situation, la difficulté tient à la rigidité des contrats qui figent des horaires dans l’une ou l’autre exploitation. On ne peut pas ajuster aux besoins qui varient selon les périodes, la météo… », explique Alain Duborjal. « Etre groupement d’employeurs nous a permis d’annualiser les heures de travail du salarié. » De fait, les deux éleveurs peuvent planifier les heures de présence suivant leur nécessité. La gestion s’effectue par Whatsapp d’une semaine sur l’autre.
Une situation non stabilisée
La cuma de Lancrans pensait avoir solutionné ses questions de main- d’œuvre. Mais suite à un départ à la retraite, l’un des agriculteurs employeurs a trouvé un nouvel associé. De fait, il n’a plus eu besoin d’un salarié. « Grâce à notre participation dans une cuma voisine sur Châtillon-en-Michaille, notre salarié a pu trouver un autre mi-temps en intercuma », poursuit Alain Duborjal. Alors que la situation semblait stabilisée, la cuma de Lancrans a été à nouveau confrontée à cette problématique de main-d’œuvre avec le départ de son salarié en septembre 2018. « En dépit de nombreuses annonces sur Agriemploi 01, Agriaffair, le Bon coin, Pôle Emploi et Facebook, nous n’avons pas eu de contact avant début avril. Le salarié recruté ne faisait pas l’affaire car pas très à l’aise avec les machines. Un autre candidat débutera en août prochain. D’ici là, les adhérents vont devoir se débrouiller pour faire face. »
Les jeunes ont repris la barre
Moyenne d’âge du bureau de la cuma de Lompnas : 25 ans et des projets. « Quand nous nous sommes installés Maël et moi en 2016, Mikael en 2017, la cuma n’était pas très dynamique », explique Alexandre Joux. « Elle avait acheté une bétaillère en 2008 mais depuis plus rien. A notre arrivée en 2016, presque tous les anciens sont partis à la retraite. » C’est ainsi que ces trois copains, moyenne d’âge 25 ans, ont pris les rênes de la coopérative. Le président, Mikael Babolat (23 ans), élève des vaches laitières ; le secrétaire, Maël Durand (25 ans), des génisses et le trésorier, Alexandre Joux (27 ans), des moutons. « Dès le départ, nous avons fait un inventaire des besoins des quinze adhérents », décrit Maël Durand. « Nous avons ensuite organisé des réunions de branche, avec les personnes intéressées. »
Responsabiliser les adhérents
L’une des premières décisions a été d’instaurer un règlement de gestion des machines. Celui-ci prévoit un responsable par matériel. C’est lui qui gère le planning, le stockage et l’entretien. « La cuma nous permet de disposer d’équipements de qualité, en bon état. L’an dernier, nous avons fait des demandes d’aides pour l’achat d’une remorque céréalière, d’une vis à grains et d’une herse de prairie qui ont toutes été acceptées. »
Les trois dirigeants de la cuma envisagent désormais la construction d’un bâtiment. « On est en train de chiffrer ce projet avant de le présenter aux adhérents », indique Alexandre Joux. « Il n’est pas question toutefois d’augmenter exagérément le montant des parts. Notre devise, c’est de faire des économies avec le meilleur confort de travail. »
Coopérative de montagne
La cuma de Lompnas est située en montagne, dans le Bugey Sud. « Nous avons deux adhérents au bord du Rhône à 200 m d’altitude. A Lompnas, nous sommes à 600 m, d’autres sont à Innimond et Ordonnaz, à 900m. Les forts reliefs nous obligent à choisir des matériels adaptés, avec des options souvent onéreuses », poursuit-il. « En revanche, ces différences d’altitudes sont un atout car les travaux sont étalés dans le temps, ce qui simplifie la gestion du planning des matériels. »
Cet article est issu du spécial Ain de mai 2019.