Elles viennent juste de décrocher leur immatriculation cuma. «Les Filles de l’Etang», comme elles ont choisi de s’appeler, est une toute nouvelle cuma viti. Voilà un an qu’elles travaillaient sur le projet. «Nous avions toutes le même prestataire pour les vendanges et il arrêtait son activité. Nous avons cherché un remplaçant, sans le trouver», explique Marie-Laure Merlin, du Domaine de Suriane.
Tester avant de se lancer
A l’issue de plusieurs réunions, Stéphanie Contini, viticultrice déjà bien engagée dans la coopérative de la Fare-les-Oliviers et celle de Berre-l’Etang, Sylvaine Roustan, du domaine éponyme, et Olivier Nasles, qui a confié la gestion de ses vignes à une jeune femme, constatent qu’il est trop tard pour monter une cuma viti. Mais qu’ils peuvent faire un galop d’essai collectif pour la vendange 2019. L’une d’entre elles achète une machine à vendanger d’occasion, soutenue par les autres, et toutes les quatre embauchent un chauffeur.
L’opération les convainc. «Cette année, je vais faire reprendre la machine que nous avions pour la vendange 2019. Et nous allons investir via la cuma, sur une nouvelle machine à vendanger.» Enthousiastes, elles se sont découvert des affinités au fil des réunions de travail. «Ça a collé et c’est mieux de partir à plusieurs. Cela nous permet de mutualiser le coût, d’expérimenter la solidarité. La notion de coopération est importante.»
Deux d’entre elles sont uniquement viticultrices, les deux autres produisent du vin. «Nous sommes sur un rayon de 15 km autour de l’Etang de Berre. C’est un terroir dont nous sommes fières. Mais il est un peu méconnu et il souffre d’une mauvaise image.» Toutes produisent aussi de l’huile d’olive. Le terroir s’étend sur un paysage magnifique, entre collines calcaires et étang de Berre. Il produit principalement du rosé, en AOP Coteaux d’Aix et en IGP Méditerrannée.
«Il y a peu d’agricultrices par ici. Nous avons des valeurs communes, pas de problème d’égo, un intérêt économique collectif. Et nous allons réussir à nous entendre, à nous organiser. Nos exploitations ont des tailles et des organisations différentes. Ce n’est pas la même façon de vendanger mais nous nous sommes bien coordonnées.»
Au taquet, «les Filles de l’Etang» montent leur dossier de subvention. Et elles étudient également les devis de la prochaine machine à vendanger.
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Provence-Alpes-Côte d’Azur – décembre 2019.