A la ferme INRA du Rheu, près de Rennes, deux années d’expérimentation ont permis d’évaluer l’intérêt des prairies multi-espèces par rapport aux prairies de ray-grass pur. Les résultats, présentés aux journées 3 R, Rencontres Recherches Ruminants, montrent une valorisation moyenne supérieure de 1,5 t MS/ha/an.
Tester l’autonomie et la sécurité fourragère
Les études jusqu’ici réalisées sur les prairies ont été menées surtout en systèmes de fauche et peu au pâturage. De plus, l’utilisation d’autres cotylédones a été peu étudiée alors que certaines comme la chicorée présentent de nombreux atouts agronomiques (pivot racinaires profonds) et zootechniques (bonne valeur alimentaire). Cette étude a permis de déterminer successivement : l’intérêt des trèfles dans les prairies, de la chicorée dans les associations RGA-trèfles, de la fétuque élevée résistante à la sécheresse dans les mélanges RGA, trèfles et chicorée. Objectif : évaluer la capacité des prairies multi-spécifiques, à sécuriser les systèmes fourragers et à accroître l’autonomie alimentaire d’un élevage bovin lait, en comparaison à des prairies plus simples.
De 1 à 5 espèces prairiales
L’étude a été effectuée sur une surface de 8,70ha divisée en quatre blocs. De septembre 2011 à août 2013, 13 cycles de pâturage ont été réalisés annuellement (avec un seul broyage de refus par parcelle et par an). Aucune récolte mécanisée n’a été réalisée. En parallèle du ray-grass anglais, les trèfles blanc et violet, la chicorée et la fétuque représentaient en moyenne 20, 30 et 10% de la biomasse, dans les essais où ils avaient été semés. Les hauteurs moyennes en entrée de parcelles ont été de 9,8, 19,1 et 14,1cm respectivement en automne, au printemps et en été. Et les hauteurs moyennes correspondantes en sortie de 3,8, 5,4 et 5,2 cm.
Prairies multi-avantages
Les pairies multi-espèces ont de nombreuses intérêts en systèmes lait ou viande, basés sur le pâturage. Notamment dans un contexte d’aléas climatiques croissants. Les praires multi-espèces permettent généralement d’accroître la production primaire d’herbe, de mieux répartir la production entre saisons et entre années, voire d’améliorer la valeur nutritive de la prairie, l’ingestion et la production animale, au moins à certaines périodes de l’année. Toutefois, les bonnes performances observées notamment sur les prairies comportant de la chicorée ne doivent pas faire oublier les difficultés certaines à gérer le pâturage lors des cycles d’été avec les montées à tiges de cette espèce.
Plus de quantité et de qualité herbe ingérée
L’augmentation de la production laitière par hectare obtenue avec l’accroissement de la diversité spécifique des prairies résulte de l’effet cumulatif d’au moins trois facteurs, selon Rémy Delagarde, de l’INRA, rapporteur de cette étude: accroissement, faible, de la production d’herbe par hectare et donc des journées de pâturage, accroissement plus conséquent de l’ingestion journalière individuelle des vaches, et amélioration de la valeur alimentaire de l’herbe pâturée qui améliorent la production laitière individuelle.
Bilan: plus de lait !
La production laitière individuelle a été supérieure sur les prairies d’association par rapport aux prairies avec du ray-grass pur (+1kg/jour) et sur les prairies de mélange par rapport aux prairies d’association (+0,5kg/jour). Ce qui confirme de l’intérêt nutritif de cette diversité d’espèces. L’ingestiblité et la digestibilité élevées des trèfles et de la chicorée étant connus.