Rencontre avec Lydie Boussin, agricultrice dans le Loiret, qui retrace son parcours jusqu’à son installation agricole en tant qu’éleveuse de poules pondeuses.
Quelle est ta trajectoire ?
LB : J’ai 42 ans et je suis maman de trois filles. J’habite la commune de Pers-en-Gatinais au nord-est du département du Loiret. Après avoir étudié au lycée du Chesnoy et obtenu BTS ACSE, j’ai travaillé en coopérative céréalière au début de ma carrière. Cette expérience m’a permis de découvrir le monde du travail et de rencontrer des gens passionnants. Puis, une opportunité s’est offerte à moi et je me suis installée en fin 2011 sur 60 hectares, en bio, avec un élevage d’environ 6 000 poules pondeuses.
Comment s’est passée ton installation en tant qu’éleveuse de poules pondeuses ?
Oula ! On m’a prise pour une folle, une extraterrestre. Des poules et des terres en bio et une femme au départ, il est vrai que dans la plaine, ça parlait fort… J’ai toujours voulu faire et créer mon modèle d’exploitation tel que je le voulais et comme je l’entendais.
Étant hors cadre familial, j’ai fait le choix de m’installer de mon côté. Je n’ai pas voulu me joindre à l’exploitation de mon mari, qui lui est en polyculture élevage ovin. Les deux exploitations marchent en symbiose, mais je voulais créer mon propre projet, entreprendre mon aventure.
Quel recul après dix ans d’installation agricole dans le Loiret ?
Heureuse, d’avoir prouvé que je pouvais y arriver. Ce n’est pas simple. La filière bio est compliquée. Les marchés sont complexes. Nous avons développé la vente directe, et nous avons créé du relationnel et de la communication auprès du grand public pour faire connaître notre métier « passion » et nos produits.
Aujourd’hui, j’adhère à deux cuma : la cuma des Coteaux de Sainte-Rose pour l’irrigation et la cuma du Soleil pour la section matériels. Sans la mutualisation du matériel, je ne pourrais pas travailler sur une petite surface comme celle-ci. Les charges de mécanisation sont trop importantes.
L’ouverture des cuma permet d’ouvrir des liens relationnels, d’échanger et de partager sur les techniques. C’est ça que je recherche avant tout, la convivialité, le festif, c’est ce qui anime notre famille. J’ai été surprise et j’en ressens une certaine fierté lorsque cette année, on m’a proposé de rentrer au conseil d’administration de la cuma du Soleil. J’espère pouvoir apporter un « petit plus ». L’équipe de la cuma est nouvelle, c’est une belle coopérative avec de nombreux matériels.
En tant qu’éleveuse de poules pondeuses, l’avenir, c’est quoi ?
D’avoir des projets ! Nous allons ouvrir un gîte et nous voulons développer encore nos productions en direct. En bref, vivre de notre métier et s’épanouir sereinement.
Nous avons besoin de dialoguer entre nous, agriculteurs, mais aussi de nous ouvrir, de faire savoir ce que nous faisons, de défendre aussi notre métier auprès du grand public. La population n’a de cesse de vouloir apprendre, alors à nous de faire passer les bons messages.
Nous organisons chaque année une omelette géante. Rien d’extraordinaire, mais cela attire de plus en plus de monde. Cette année, il y avait 300 personnes au repas où nous échangeons sur l’agriculture, nos méthodes et nos pratiques. Alors oui, l’agriculture, j’y crois.
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