La réunion a démarré en début d’après-midi, en présence du médiateur des relations commerciales agricoles, Francis Amand, à la Maison du Lait, à Paris. Les participants n’ont fait aucun commentaire à leur arrivée, a constaté l’AFP. L’objectif principal est d’avancer sur la question du prix d’achat du lait, car selon la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL), le géant mondial Lactalis est l’entreprise qui rémunère le plus mal ses éleveurs, par rapport aux laiteries concurrentes. A 256,90 euros la tonne achetée en juillet, Lactalis se retrouve loin derrière le groupe Laïta et la société Silav (290 euros la tonne) ou encore la laiterie Saint-Père, filiale d’Intermarché, qui rémunère les éleveurs 300 euros les 1.000 litres.
« La question-clé pour sortir du conflit, c’est la question du prix », a confirmé mercredi Christiane Lambert, la vice-présidente de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA).
Chez les organisations de producteurs, « on veut une visibilité jusqu’à la fin de l’année et un engagement écrit sur une nouvelle méthode de fixation du prix du lait », a renchéri Florent Renaudier, producteur de lait en Mayenne et membre du conseil d’administration de la FNPL, la branche laitière de la FNSEA, qui sera présent à la réunion. Le porte-parole de Lactalis, Michel Nalet a pour sa part appelé au calme, mais n’a pas précisé la position que défendra le groupe lors de cette réunion. « Il faut que, derrière, l’activité puisse reprendre. Ce n’est pas une situation dans laquelle, les uns les autres, on peut continuer à vivre sereinement », a-t-il cependant indiqué.
Juste prix
Le siège de l’usine de Lactalis « est prévu pour durer jusqu’à vendredi. La réunion a lieu jeudi. En fonction de l’issue de la réunion, nous aviserons », a précisé Mme Lambert. Les résultats de cette réunion seront donc scrutés par les manifestants qui occupent jour et nuit depuis lundi un rond-point situé à proximité de l’usine lavalloise de Lactalis. Ils ne lèveront le blocus que s’ils obtiennent le « juste prix » pour leur lait. Cependant, cette notion fait l’objet d’une fourchette assez large selon les interlocuteurs. De plus, la réunion de ce jeudi pourrait ne pas suffire à aplanir tous les différends et n’être qu’une première étape d’un processus plus long. En effet, l’été dernier lors de sa tentative de médiation sur les cours du lait et de la viande bovine et porcine, le ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll avait dû organiser plusieurs tables rondes avant d’obtenir un accord. Celui sur le lait n’a jamais vraiment été appliqué par les industriels. Un producteur sur cinq en France travaille pour Lactalis soit 20% de la collecte française, ou 5 milliards de litres de lait collectés sur un total de 25 milliards produits annuellement en France. Outre ses marques très connues de lait de consommation (Lactel), de fromages ou de beurre (Bridel, Président, Lanquetot, Roquefort Société…), Lactalis est devenu un géant mondial en absorbant de nombreux groupes à l’étranger. Il est notamment présent en Italie depuis 2011 et son OPA hostile sur le puissant groupe agroalimentaire Parmalat, mais également en Turquie avec le rachat du premier laitier turc Ak Gida en 2015, et en Inde avec la reprise de la filière laitière d’Anik industries en 2016.
Paris, 25 août 2016 (AFP)
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