En tout, onze exploitations d’élevage (caprins, bovins lait et bovins viande) sont concernées par ce Groupement d’Intérêt Economique et Ecologique (GIEE) porté par la cuma Arc-en-Ciel de Charnizay. Le travail en commun des membres de ce groupe suivi par la fdcuma d’Indre-et-Loire avec le soutien de partenaires (GDA Sud Touraine, Chambre d’Agriculture, Arvalis, …) remonte à 2014. C’est le changement d’orientation fourragère d’une des exploitations adhérentes aux cuma locales (création d’une unité de séchage en grange) qui a déclenché cette démarche collective.
Davantage de valeur alimentaire
L’objectif est de rechercher davantage de valeur alimentaire dans les fourrages produits, avec un focus sur les valeurs protéiques, tout en limitant les besoins en azote des cultures fourragères et en bonifiant la structure et la fertilité des sols (ce dernier objectif plus difficilement mesurable). Vaste programme qui nécessite de réaliser de multiples essais de cultures fourragères. Que ce soit en méteils (triticale, avoine, vesce, pois fourrager, féveroles, trèfle incarnat,…) ou en prairies multi-espèces (dactyle, fétuque, fléole, ray-grass anglais et hybride, trèfle, …). Des essais ont donc été réalisés sur plusieurs parcelles d’exploitations situées sur les communes de Betz-le-Château, Charnizay et Preuilly-sur-Claise.
A chaque fois, le groupe teste aussi différentes chaînes de récolte du point de vue de leur efficacité sur la vitesse de séchage du fourrage, du débit de chantier, du coût global et des incidences sur les valeurs alimentaires (voir tableau ci-dessous). Les analyses réalisées permettent en effet de connaître précisément l’ensemble des valeurs alimentaires des fourrages récoltés dans chaque essai (MS, UFL, MAT, PDIN, PDIE, PDIA). D’emblée, il est démontré que l’intégration des légumineuses, en pur ou en mélange, dans le système fourrager garantit des gains réels de valeur nutritive et limite la fertilisation azotée.
Chaînes de matériels
Côté matériels, les essais impliquent différents types de matériels de la chaîne de fenaison : groupe de fauche (deux faucheuses simples), faucheuse-conditionneuse à fléaux et à rouleaux de 3 mètres, faneuse, retourneur d’andain Dion, andaineur…Quelques remarques : si la faucheuse-conditionneuse à fléaux peut paraître agressive pour les légumineuses, il convient d’adapter la vitesse du rotor et son intensité de conditionnement au type de plante à récolter (exemple : fourrages réputés fragiles comme le trèfle). A propos du retourneur d’andains Dion qui remplace un passage de faneuse, ce type de matériel génère des temps de chantiers supérieurs. Pour les faneuses, il est important d’adapter la vitesse de rotation de toupies au type de fourrage afin de limiter la perte de feuilles au champ, tout en évitant de désintégrer le fourrage.
Poursuite d’essais
Tous les acteurs impliqués vont poursuivre les essais en 2016 en prenant en compte la diversité des élevages (caprins, bovins lait ou viande) dans la recherche de fourrages de qualité. Exemple : les élevages caprins contrairement au élevage laitiers sont peu amateurs d’ensilage (risque de listeria). Les cuma de Charnizay concernées par ce projet agro-écologique entendent disposer d’une large panoplie de matériels pour récolter des fourrages de qualité, sans pour autant surinvestir. L’éventualité d’équiper le groupe de fauche d’un andaineur à tapis a été évoquée. Les membres du GIEE s’interrogent aussi sur l’opportunité de produire dans le groupe des semences de manière à répondre aux différents besoins d’espèces fourragères dans les exploitations concernées, tout en maîtrisant les coûts d’ensemencement.
Autres exemples de GIEE
La cuma du Ruban, à Saint-Flovier : plus d’énergie avec du maïs épis ensilé
La cuma du Ruban à Saint-Flovier a engagé également une démarche agro-écologique pour laquelle elle a déposé en septembre dernier un dossier GIEE. Objectif : « Réduire les achats de protéines par le développement de cultures en mélange avec légumineuses et protéagineux, associées à du maïs épi ensilé. » Cinq exploitations sont impliquées dans ce projet. Les éleveurs concernés veulent parvenir à davantage d’autonomie alimentaire.
Ils pratiquent depuis 4 ans, avec l’appui du GDA local, une diversification de leur assolement fourrager en développant des méteils avec des espèces riches en protéines telles que la vesce ou le pois. Ils veulent aussi se pencher désormais sur le développement du maïs épis ensilé. Objectif : densifier la ration de base en énergie. Ce mode de récolte du maïs fourrage impose cependant d’avoir un équipement spécifique pour cela. Leur cuma, déjà équipée d’une ensileuse, pourrait investir en ce sens. A la clé, leur ration de base serait de haute valeur nutritive, équilibrée à la fois en protéines et en énergie. Ce qui permettrait d’acheter moins d’aliments du commerce tels que les correcteurs ou concentrés de production.
La Fourragère veut développer les légumineuses
Dix agriculteurs sont engagés dans le GIEE porté par la cuma La Fourragère (35). Sa thématique : l’autonomie en azote et le développement des légumineuses. Ils sont éleveurs de bovins lait et viande, mais le groupe compte aussi des productions de porcs et de volailles,et associe des conventionnels et des bios. La cuma La Fourragère a débuté son existence avec l’arrivée de l’ensilage, en 1960. Les adhérents ont suivi la même voie que beaucoup de leurs confrères et font aujourd’hui le constat d’une dépendance au soja. Pour la réduire, ils veulent désormais donner plus de place aux légumineuses. Ils sont passés par une phase de diagnostic de chaque exploitation. Prochaine étape : trouver des solutions pour modifier leur système fourrager et assurer la production de légumineuses avec des matériels en commun et une organisation du travail collective.
La cuma emploie déjà des salariés qui pourront répondre en partie aux nouveaux besoins en main-d’œuvre. Cette démarche leur demandera d’acquérir de nouvelles connaissances tant en matière de conduite d’élevage que de maîtrise des cultures. Elle va donc se traduire par des visites, des formations avec des experts, des expérimentations locales. Elle devrait apporter au passage une meilleure performance environnementale, dans des domaines tels que la gestion de l’azote et des intrants en général, la maîtrise des adventices ou la couverture hivernale des sols.
Pour aller plus loin :