Les cinq adhérents avaient un préalable : la cuma devait devenir intéressante économiquement pour leur exploitation. « Nous avons d’abord pensé à acheter une grosse moissonneuse-batteuse, en sachant que certains en ont déjà une en copropriété », explique le président Jean-Marie Noël. « Nous avons posé des chiffres. La distance importante entre les parcelles, son impact sur les bennes et le temps de mise en silo… L’idée a été mise en stand-by. »
Mais quelque chose avait changé : « Avoir un coach nous a fait parler à bâtons rompus, éviter les digressions, mouliner même ! Habitués à la copropriété, nous n’avions pas cette façon de réfléchir propre à la cuma. L’idée de faire tourner un matériel si rapidement. Questionner ce qui se passe si on bouge un paramètre du projet. Voir comment on amortit ? Comment on renouvelle ? »
DE BESOIN ANNONCÉ…
En transition vers l’agriculture de conservation, Jean-Marie Noël a alors proposé l’acquisition d’un semoir de semis direct. « Avec des surfaces significatives, j’ai plaidé pour une grande capacité de semis. Je mettais en échange à disposition un tracteur avec auto-guidage. » Deux des adhérents étaient prêts à expérimenter, un autre partiellement. Ils se sont penchés sur les chiffres et constaté aussi qu’ils pouvaient demander une subvention dans le cadre du Pcae.
… AU PASSAGE À L’ACTE
A l’été 2018, ils ont validé la commande d’un semoir de 6 m de large, lequel est arrivé pour les semis de céréales. « Je l’ai utilisé sur 80 % des parcelles. Le collègue qui prévoyait de faire 50 ha, en a ajouté 30 et celui qui avait prévu un petit essai, en a fait 20 ! » Sur la base de 300 ha, ils ont fixé le coût du semoir seul à 31 €/ha : « C’est encore assez cher mais beaucoup moins qu’en location. Nous pouvons baisser en doublant la surface. »
TOUT UN ETAT D’ESPRIT
Avoir le matériel à portée de main est un plus : « Je viens de faire un essai qui n’était pas prévu avec 30 ha de lentilles et de cameline. » Une subvention de 24 000 € leur a été accordée sur cet investissement de 78 000 €.
La réflexion se poursuit hors du DiNA cuma : « Le semoir est assez visible pour que nous soyons approchés par d’autres, de là à nous rejoindre… En semant à 3 ha/h, on peut en faire 30 par jour. Rien n’empêche de faire les 3 x 8 si besoin. »
Ce matériel peut être polyvalent sur terre travaillée. « Nous avons pensé à partager tous les outils de semis et engager toutes les surfaces », s’enthousiasme le président. « J’aurai besoin de remplacer un combiné de semis hors d’âge, mais certains n’ont pas fini de payer le leur. » Dernière piste évoquée : supprimer un tracteur chez chacun et opter pour un gros à la cuma.
Des activités attractives
Dans ce secteur qui compte peu de cuma, il s’agissait de faire un tour d’horizon avec le groupe et pointer des actions à réaliser. « En partant des projets d’investissement, nous avons rappelé les règles d’une cuma, vu les différences avec la copropriété, notamment dans l’approche économique pour investir. C’est essentiel pour annoncer un prix de revient ! Nous avons identifié les pratiques à mettre en place. Les règles qui, dans cette cuma quasi-familiale, étaient orales, devaient être posées. Ils ont constaté avec le semoir tout l’intérêt d’avoir « des activités attractives avec du matériel peu courant, accessible seulement en cuma ou en location ». Le DiNA cuma a été l’occasion de mettre à jour le capital social. Quand au projet de la moissonneuse-batteuse, il devrait resurgir.
Cet article est issu du spécial Hauts-de-France de mai 2019.