Ainsi, « les animaux écornés sont plus faciles à manipuler en élevage, au cours du transport et en abattoir: ils présentent moins de risques de blessures pour l’éleveur et pour les animaux entre eux, par exemple lors du mélange de lots ou dans les situations de compétition, ou lorsque les cornes se cassent accidentellement », résume un document du réseau mixte technique bien-être animal (RMT BEA), rédigé notamment par des chercheurs de l’Institut de l’élevage (Idele).
« Écorner permet ainsi de diminuer les risques sanitaires et les causes de dépréciation des viandes et des cuirs », expliquent les auteurs de ce document.
En France, la sécurité sociale des agriculteurs, la MSA, a recensé de 2014 à 2016 une centaine d’accidents du travail dus à des coups de cornes chaque année chez les adhérents du régime agricole travaillant avec les animaux.
L’écornage s’est généralisé au moment où les troupeaux ont grossi, dans les années 1970. Avant, dans de plus petits troupeaux, les cornes permettaient de garder une hiérarchie entre les vaches, selon le Cniel (interprofession laitière française).
« Il faut distinguer l’écornage, qui est l’amputation de la corne déjà formée chez une vache adulte avec l’ébourgeonnage qui est la cautérisation des bourgeons de corne à peine formés chez la génisse », explique à l’AFP Amélie Legrand, responsable agroalimentaire à l’association CIWF (Compassion in World Farming) pour la France.
Selon elle, l’ébourgeonnage est aujourd’hui la pratique majoritaire et se pratique dans la « quasi-totalité des élevages français ».
En Europe, 81% des élevages de vaches laitières, 47% des élevages de races à viande et 68% des élevages de races allaitantes étaient encore écornés ou ébourgeonnés, selon une étude publiée en mai 2015 dans la revue Livestock Science.
Cette étude, réalisée à partir des réponses de 652 élevages, ne fait pas la distinction entre écornage et ébourgeonnage.
En France, l’écornage ou l’ébourgeonnage se pratique plutôt sur les vaches, car « les mâles, destinés à l’abattage, vont être abattus assez jeunes », explique à l’AFP Luc Morabito, chef de projet bien-être animal à l’Idele. Un constat qui vaut également pour l’Europe, selon lui.
Afin de limiter la souffrance animale, CIWF encourage les alternatives à ces pratiques si c’est possible, et, dans le cas contraire, de privilégier l’ébourgeonnage, moins douloureux que l’écornage, par cautérisation avec un fer chaud (et pas avec des produits chimiques) avec une prise en charge de la douleur, avec anesthésie locale et analgésique.
« La douleur peut durer plusieurs heures voire plusieurs jours », explique Mme Legrand, en s’appuyant sur des études scientifiques analysant le stress des animaux.
Parmi les alternatives possibles, l’élevage d’animaux « qui ont le gène sans corne ». Elle rappelle que le gène sans corne existe dans la nature et qu’il s’agit juste de le sélectionner.
Seul hic, selon le Cniel, qui incite également les éleveurs à privilégier des pratiques limitant la souffrance: cette sélection est susceptible de dégrader d’autres caractères génétiques.
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