Alain Gournay s’appuie sur les chiffres issus d’une expérience qui court sur une vingtaine d’années. Les économies réalisées sur l’entretien du parc, l’achat des pièces, le vieillissement du matériel et les bonnes valeurs de reprise compensent largement la charge salariale de la cuma.
Quand les saisonniers ne suffisent plus
Après avoir fonctionné avec des saisonniers pendant longtemps, les deux cuma de Saint-Hilaire-du- Maine (cuma des Quatre saisons et cuma de l’Equipe, en Mayenne) se sont interrogées sur la possibilité de remplacer les saisonniers par un salarié permanent à temps plein avec des compétences en mécanique. La décision se concrétisa par le recrutement d’un chauffeur mécanicien à temps plein, il y a presque 20 ans. Le bilan est très positif.
La cuma des Quatre saisons avait recours à la main-d’oeuvre temporaire pour la moisson et l’ensilage. Confrontée à la difficulté de trouver des saisonniers, elle s’est lancée dans une réflexion d’embauche d’un salarié permanent à temps plein. Les administrateurs de la cuma avaient quelques craintes financières puisqu’il fallait passer de deux mois d’embauche à un temps plein. Avec le parc matériel en évolution et l’entretien du matériel à assurer, les craintes se sont vite éloignées. L’embauche de Cédric Blin s’est concrétisée en 2000. Cédric travaillait à l’époque dans une entreprise de travaux agricoles et était bien connu de la cuma puisque c’était le fils d’un adhérent.
L’embauche a sécurisé et boosté l’activité de la cuma
Alain Gournay se souvient : « Avant l’arrivée de Cédric, l’entretien était réalisé par les adhérents et par les mécaniciens locaux. C’était beaucoup plus compliqué. Il arrivait que des pannes surviennent en plein chantier parce que la révision hivernale n’était pas aussi bien faite que maintenant. » Les adhérents ont changé leur regard sur la cuma qui a connu une amélioration dans son fonctionnement, avec une évolution positive des activités. La crainte de ne pas avoir assez de travail à fournir s’est vite transformée en dépassement d’heures en fin d’année, preuve que le besoin était réel. Actuellement, 60 exploitations sont adhérentes aux cuma de la commune qui proposent 38 activités avec une soixantaine de matériels.
Des compétences bien adaptées
Alain Gournay décrit Cédric comme quelqu’un de minutieux et curieux : « L’implication et les compétences de Cédric depuis 19 ans ont beaucoup participé à l’évolution de la cuma. Plus besoin de rechercher des saisonniers, la possibilité d’allonger la durée des amortissements du matériel, la hausse du montant des reprises, les casses inopinées devenues rarissimes ont permis d’absorber la charge salariale sans aucune augmentation des tarifs des activités. On pourrait presque dire que le salarié se paie tout seul ! » Alain Gournay affirme que c’est par la qualité du salarié que la cuma a pu se développer et ainsi stabiliser les tarifs.
Le travail de Cédric se répartit entre la conduite du matériel, l’entretien de l’ensemble des matériels et la réparation lors de casses en pleine saison. Cédric n’est pas sans faire quelques heures supplémentaires pendant les saisons de récolte et en fonction des besoins et de l’activité qui a tendance à augmenter. Cédric Blin se complait dans son travail. Il insiste sur deux points : « La relation avec les adhérents est très bonne et j’ai une grande autonomie dans mon travail qui me permet de gérer mon temps et de m’organiser comme je le souhaite. » La question d’un deuxième salarié ne s’est pas posée pour l’instant mais peut-être qu’à l’avenir, il faudra engager cette réflexion en fonction de l’évolution des besoins des adhérents. Cela permettrait également de sécuriser la cuma en cas d’absence de Cédric.
Le choix du matériel d’occasion
Le renouvellement des automoteurs de récolte intervient à peu près tous les huit ans. La cuma se tourne vers le marché de l’occasion, ce qui n’empêche pas d’acheter du neuf par ailleurs, notamment pour les tracteurs. Ainsi, l’ensileuse 10 rangs achetée en 2018 est âgée de dix ans et la moissonneuse, achetée en 2014, va sur ses neuf ans.
La cuma sait que leur entretien va être bien suivi, ce qui ne l’empêche pas de bénéficier d’une garantie d’un an et elle sollicite le concessionnaire pour les très grosses réparations, qui sont plutôt rares. Finalement, « le choix d’acheter des machines d’occasion que l’on fait vieillir, fonctionne plutôt bien ». Pour éviter de dépasser le chiffre d’affaires qui engendre la nomination obligatoire d’un commissaire au compte, il avait été décidé de maintenir les deux cuma. Cela permet également d’impliquer plus de personnes dans le fonctionnement. Les décisions sont prises en commun, le matériel et les responsabilités sont équilibrés entre les deux entités.
Hangar et communication
La cuma réfléchit à la construction d’un bâtiment annexe pour stocker tout le matériel et se penche sur l’application Résacuma pour optimiser la réservation du matériel et ainsi améliorer la communication entre les adhérents et l’organisation des chantiers.
Actuellement, le fonctionnement convient très bien et permet de travailler avec des tarifs très bien placés. Cela n’empêche pas ses responsables de rester vigilants sur l’évolution des besoins des adhérents. Ainsi, les administrateurs observent que des agriculteurs s’intéressent aux matériels de récolte mais ils demandent si la cuma peut fournir plus de main-d’oeuvre pour les chantiers. Sans doute un nouveau dossier à étudier de près.
Cet article est issu du spécial Mayenne de juin 2019.