Rencontre avec Arnaud Pousthomis qui revient sur les différences d’économies avec ou sans cuma. Il répond aux questions d’Entraid Medias et analyse les résultats projetés par le Cerfrance.
Comment analysez-vous les résultats de ce travail ?
Ces résultats sont solides et logiques. Sans les factures de la cuma, mais avec des annuités liées aux matériels, l’excédent brut d’exploitation est en baisse. C’est normal. Le résultat courant, lui aussi, est en baisse, et l’endettement explose. Ce qui est intéressant, c’est de visualiser l’ampleur de ces chiffres. C’est très révélateur.
J’ajouterais un élément de contexte. En ramenant ces chiffres à l’hectare, je constate un différentiel de revenu de l’ordre de 95 €/ha, avec ou sans la cuma. Comparés aux résultats projetés par le Cerfrance, en 2023, le réseau a en effet calculé un revenu disponible par hectare. Il s’élève à environ 155 € pour cette année-là pour un céréalier. Et pour les exploitants qui ont un atelier de maïs semence, ce qui est le cas ici, ce revenu disponible s’élève en moyenne à 432 €/ha. Si on enlève 95 € de cette moyenne, on ampute le revenu de 22 %. C’est très, très significatif.
Économies avec ou sans cuma : Et en tant que professionnel de la banque ?
Aux annuités en tant que telles, il faut ajouter le poids des intérêts d’emprunt et des assurances de ces mêmes emprunts. Je les estimerais à plus de 1 500 € par an pour un emprunt de 100 000 € sur 10 ans, à un taux de 3 %. Et encore, il s’agit d’un taux préférentiel destiné aux Jeunes agriculteurs ! Ce sont des frais « annexes », mais qui renforcent encore le constat de la fédération : les charges de mécanisation pèsent énormément sur les comptes des exploitations.
Pour nous, il est bien plus rassurant de financer des actifs « durables », tels que les bâtiments, le foncier, le cheptel et des parts sociales de cuma. Tandis que si vous rajoutez aux actifs que j’ai cités, 200 000 € d’endettement liés à de la reprise du matériel, dont on a du mal en outre à évaluer la vétusté, c’est beaucoup plus incertain. Cela a bien sûr un impact dans notre évaluation des risques. Cela à la fois pour l’exploitation en elle-même et pour la banque.
Plus largement, que vous évoquent ces résultats ?
Pour moi, ce travail prouve que quand l’organisation est bien réfléchie, en cuma. Vous ne payez que pour votre utilisation des matériels. C’est particulièrement clair ici, avec le cas du tracteur et du télescopique. Mais c’est également très visible au travers des exemples des matériels spécialisés que sont l’épandeur ou ceux liés au maïs semence.
L’autre aspect, qui n’est pas l’objet de ce travail, mais qui est néanmoins très important, c’est tous les liens humains que permettent de construire la cuma, les liens sociaux et relationnels. C’est particulièrement important dans le cas des reprises. Ici, il s’agit d’une reprise familiale et c’est déjà très facilitant. Nous voyons que c’est encore plus primordial dans le cadre des reprises d’exploitations par des personnes hors du cadre familial agricole.
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