Sécuriser les cultures
« Il y a 30 ans, nous cultivions déjà du maïs, et même du maïs semence, mais souvent sans irrigation », indique Christophe Cautier, agriculteur et actuel président de l’ASA Limagne Noire. « Nous n’avons pas de ressources proches en eau. Il y a seulement quelques forages. Ce qui était recherché avec ce projet, c’était de sécuriser les cultures. Aujourd’hui, ce serait inimaginable de faire du maïs semence sans irriguer. »
25 ans d’expérience
Le projet semblait simple, il fallait juste trouver un moyen de traiter les eaux usées à la sortie de la station d’épuration, pour répondre aux normes en vigueur sur les eaux d’irrigation. La solution était toute proche. « On se sert de huit anciens bassins, qui couvrent une surface de 13 ha, et qui servaient à la sucrerie de Bourdon pour faire du lagunage. La station d’épuration répond aux dernières normes concernant l’eau qui, pour les autres stations, est entièrement rejetée dans le milieu naturel. Le seul point qui était à résoudre pour l’irrigation était l’aspect bactériologique, et notamment la bactérie Escherichia coli. » C’est là que les bassins entrent en jeu. Une partie de l’eau de la station d’épuration est déversée dans le premier bassin. Elle circule ensuite dans les autres bassins, et met une dizaine de jours pour atteindre le dernier. « Durant tout ce temps, l’eau est exposée aux rayons UV du soleil. Cela permet de détruire en grande partie les bactéries. »
750 ha irrigués chaque année
Pour atteindre les 50 exploitations, l’ASA Limagne Noire a mis en place tout un réseau de canalisations. « Il y en a en tout 50 km et 150 bornes de distribution. 1 500 ha sont irrigables et 750 ha irrigués chaque année », indique Christophe Cautier. Bien sûr, d’autres exploitations frappent à la porte, et aimeraient bénéficier de cette possibilité d’irrigation. « Le problème est que notre système est conçu pour irriguer 750 ha. Pour desservir plus d’exploitations, il faudrait redimensionner les canalisations, et ce serait un coût trop élevé. Aussi, ce chiffre de 750 ha n’est pas dû au hasard. Il représente la capacité des bassins à traiter l’eau. Pour faire plus, il faudrait trouver du foncier pas trop éloigné pour récréer des bassins de lagunages. Très compliqué et très cher. »
Un coût autour de 500 €/ha
Pour Christophe Cautier, « le coût de l’irrigation avec ce système n’est pas plus cher qu’un autre. Il revient à environ 500 €/ha. Dans ce prix, il y a l’entretien de toute l’infrastructure du réseau. Il y a aussi le prix de l’électricité qui alimente les pompes. Contrairement aux autres irrigants, nous avons aussi des frais d’analyses de l’eau qui sont réalisées toutes les semaines par un laboratoire. En revanche, nous ne payons pas de redevance à l’Agence de l’Eau, car celle que nous utilisons a déjà été taxée. »
Concrètement, chaque irrigant a souscrit un nombre d’hectares. Chaque hectare souscrit donne un droit d’eau de 2 m3/h d’avril à fin septembre, et cela 24 h/24. Si un irrigant souscrit 20 ha, cela lui donne droit à 40 m3/h. Mais avec ce volume, on peut arroser plus ou moins de surface. Si la décision est d’irriguer 30 ha, le coût sera alors d’environ 330 €/ha.
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