Bien sûr, une chaîne de logiciels et d’écrans ne vont pas déterminer les choix de conduite des cultures, mais ils peuvent aiguiser le regard de l’agriculteur et signaler des points imperceptibles à l’œil nu. Plutôt qu’un prestataire qui lui donnerait des cartes de potentiel de rendement en fonction de la biomasse, Jean-Loup Chatard, à Cognat-Lyonne, a préféré s’équiper personnellement d’un drone de loisir (1.200 €). L’usage est facile, Jean-Loup inscrit les limites de la parcelle, l’engin établit son plan de vol et rend une photo « vue d’en haut » en nuances de verts.
Prendre de la hauteur avec le drone
« On y voit les zones de terres bien mieux qu’en traversant en long et en large le champ. » Ainsi, les deux premiers apports d’azote peuvent être modulés plus précisément, le désherbage de « rond » devient un jeu d’enfant. Le redécoupage des îlots pour obtenir des parcelles plus homogènes peut être envisagé.
Les zones de terres apparaissent plus nettement. De même, la localisation de dégâts de gibier est bien plus facile, tout comme le repérage des drains bouchés ou même, la reconstitution d’un plan de drainage perdu. Un ensemble de « petits » apports qui simplifient la vie. Pour autant, cet outil simple ne permet pas de quantifier la biomasse ou le rendement potentiel, il présente des cartes avec des dégradés de couleur.
Ensuite, c’est l’observateur qui interprète. Pour s’affranchir des erreurs ou approximations humaines, il faudrait un capteur infrarouge non disponible en Europe actuellement pour ce type de matériel. A l’avenir, Jean-Loup Chatard envisage de coupler son drone à la cartographie de la moissonneuse-batteuse : « une manière d’aiguiser son œil. » Pour autant, l’agronomie reste au premier plan, c’est la base de son travail. Ensuite seulement, viennent les modulations d’apport envisageables grâce aux observations effectuées.
« C’est tout de même bien pratique ! » En quelques heures, se faire une idée assez précise de ce qui se passe sur 300 ha en quatre sites, avec des sols hydromorphes et des veines de terres, c’est assez confortable. L’exploitant n’est plus seul dans la plaine et ses yeux prennent de l’altitude !
Son métier en mode Facebook Jean-Loup Chatard parle de ce qu’il fait, explique sur YouTube et sur Facebook. Quel intérêt ? C’est une contribution à la communication de la profession. Montrer ce qu’il fait, en parler. Cela peut paraître étrange que certains regardent, c’est certainement que ça les intéresse ! Au final, beaucoup d’internautes le visionnent : 1000 abonnés, 3300 Facebook, 8000 vues régulières reprises sur d’autres sites pour un total de 30.000 vues. Ce n’est pas rien ! Il partage dans ses vidéos les travaux des champs, les semis, les récoltes, la rénovation du semoir et explique ce qu’il fait, tout simplement. Parfois, cela permet d’expliquer ses traitements nocturnes. Ce n’est pas pour se cacher ou parce que c’est plus toxique, mais juste pour l’hygrométrie. Il peut indiquer les raisons d’un traitement, sans polémique. Certes, une bonne partie de l’auditoire est agricole, mais ce n’est pas exclusif : 5 % des abonnés sont sur Paris et presque 10 % à l’étranger (Europe et Méditerrannée). Sur Youtube : earldelunelle |
Retrouvez l’intégralité de l’édition spéciale départementale Allier parue en juillet 2017 :