Entraid : Les cuma sont-elles prêtes à investir le temps (au moins 2 jours) et l’énergie nécessaire ?
Etienne Fels : L’état d’esprit des cuma évolue, de même que les demandes des responsables. Les cuma sont de plus en plus conscientes de la nécessité de prendre du temps pour mettre les choses à plat et travailler sur des pistes d’amélioration, suivre par exemple des formations telles que la mise à jour du règlement intérieur. Le principe du dispositif DiNA est justement de travailler de manière préventive et de moins intervenir en pompier. Ainsi, un groupe doit faire face aux difficultés de renouvellement de ses responsables. Avant que cette question ne devienne brûlante, il faut anticiper et revoir par exemple, le partage des tâches au sein du conseil d’administration. A nous, fédération de cuma, d’être très clairs vis-à-vis des groupes partants pour effectuer un DiNA, sur les objectifs que l’on poursuit, sur quoi on s’engage et sur les résultats attendus.
Entraid : La conjoncture actuelle ne risque t-elle pas d’occulter l’intérêt de ce nouveau dispositif ?
EF : La crise agricole ne doit pas empêcher les adhérents et les responsables de continuer à travailler ensemble comme le DiNA les y encourage. Au contraire, la cuma fait partie des réponses à la crise. Leurs responsables sont conscients que les cuma doivent répondre aux questions urgentes que pose cette crise, en matière d’impayés par exemple et répondre également aux enjeux de demain en matière de maîtrise de coûts de facturation, d’offres de matériels et de services, …
Entraid : L’appui financier prévu au titre de « l’aide à la mise en place de hangar » est-il de nature à faire émerger des projets d’acquisition ?
EF : Dans notre région, il existe déjà des aides attribuées à l’acquisition de hangar en cuma, via le dispositif PCAE (fonds FEADER). La mise en œuvre de cette nouvelle disposition pourra s’articuler avec les aides existantes. Quoi qu’il en soit, un coup de pouce financier peut assurément influencer positivement la prise de décision. De nombreuses cuma réfléchissent en effet à l’acquisition ou à l‘extension de bâtiment, en particulier celles qui emploient déjà un salarié et/ou possèdent un ou des tracteurs
Entraid : Comment s’opère le repérage des groupes ?
EF : Nous en avons parlé dès décembre dans les 10 réunions de secteur de Basse-Normandie, à l’assemblée générale de la fédération et dans les assemblées de cuma. Spontanément, trois cuma nous ont contactés pour manifester leur intérêt sur le sujet. Enfin toute l’équipe salariée, animateurs et comptables, a été briefée pour repérer les groupes qui pourraient être potentiellement intéressés.
Entraid : Quels outils la Fcuma de Basse-Normandie s’est-elle donnée pour instruire ce dispositif ?
EF : Nous avons souhaité formaliser l’intervention de la fédération dans la cuma intéressée. Un animateur a été embauché. Il suivra plus particulièrement ce dispositif. Il sera en charge de réaliser pour chaque groupe concerné une première phase de diagnostic de la cuma puis de proposer un plan d’intervention. Il s’appuiera pour cela sur un questionnaire et des fiches-actions élaborées en concertation avec les autres fédérations de cuma de l’Ouest et la Frcuma Ouest. Pour la circonstance, nous avons mutualisé en effet les divers outils que nous avions déjà dans chacune de nos fédérations. Dans un second temps, en fonction des pistes de travail envisagées (exemples : projet de création d’un emploi ou travail sur la maîtrise des charges de mécanisation), un autre animateur ayant une expertise sur le sujet concerné prendra le relais.