Silphie : un avenir prometteur

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Silphie : un avenir prometteur

Il faut se donner du temps pour la silphie, mais au bout de deux ans, les résultats valent la peine. (photo Adobestock)

Quatre ans après la création de Silphie France, émanation de HADN, Amédée Perrein a compilé des retours d’expérience d'un peu partout en France. Cogérant de la société, au côté de Arnaud Febvay, il met en avant l’avenir prometteur de la silphie en France.

Amédée Perrein, de la société Silphie France, détaille les différents avantages de l’implantation de la silphie.

Quelles sont les caractéristiques de la silphie ?

Amédée Perrein : « Tout d’abord, c’est une plante multiservice. Le débouché méthanisation, c’est une évidence. C’est une plante écologique pour faire de l’énergie verte. Les Vosges, département qui compte 40 méthaniseurs, plante de plus en plus de silphie. Il y a aussi le débouché fourrage.

En 1974, l’Inra affirmait que la plante ne proposait pas une bonne valeur alimentaire. Effectivement, en une seule coupe en fin de cycle, c’est du mauvais fourrage. Les recherches se sont arrêtées là. Mais nous, nous montrons qu’avec 3 à 4 coupes par an, la valeur alimentaire se concentre et nous permet d’obtenir un très bon fourrage. C’est une plante d’avenir parce qu’elle est écologique.

Le prix d’achat est plus cher, certes. Autour de 1500 à 1 800 euros l’hectare. Mais vous la plantez une fois. Elle possède la même physiologie que la rhubarbe, avec un système racinaire très profond. Elle repousse tous les ans.

En Allemagne, j’ai visité des parcelles où la plante avait plus de 17 ans. En Russie ou en Pologne, il y a des pieds vieux de 80 ans au pied de châteaux. Chez silphie France, nous garantissons au moins 15 ans. Mais c’est une plante qui potentiellement dure toute une vie voire davantage ».

Et en termes de biodiversité ?

A.P. : « La silphie est une plante mellifère. Elle fleurit début juillet jusqu’au 15 septembre, à une période de disette de nourriture pour les abeilles, bourdons, etc. Le retour des apiculteurs, c’est que la plante permet aux ruches d’affronter l’hiver et leur permet de produire jusqu’à 150 kilogrammes de miel à l’hectare. Sans oublier qu’elle nécessite quasiment zéro phyto à son installation.

Par la suite, elle étouffe et prend le dessus sur les adventices. C’est également un effet positif sur la biodiversité et une demande de l’opinion publique.

C’est donc une plante miracle et facile à implanter ?

A.P. : « Pas du tout ! D’une part, elle n’a pas vocation à remplacer la luzerne par exemple. Elle vient en complément remplir son rôle suivant la physionomie et les besoins de chaque ferme. D’autre part, son implantation est le moment le plus critique, et ce, jusqu’à la deuxième année.

Nous avons eu assez de cas d’agriculteurs qui ont semé sans conseils techniques. Cette culture doit être semée début mai jusqu’à début juin dans un sol chaud, entre 0 et 2 centimètres de profondeur. Et il faut de la pluie dans les jours qui suivent, sinon, gardez les graines dans les sacs. Dans le cas contraire, la graine va se mettre en dormance. Elle ne pourrit pas et repartira le printemps d’après.

Le deuxième gros souci, c’est le salissement. Les 2 premières années, les champs ne sont pas attirants, clairement. Vous pouvez l’accompagner en interrang pour être homologué pour le désherbage chimique. Mon conseil, c’est de faire un maximum de faux semis au printemps pour liquider les adventices. Mais la silphie ne peut pas mourir sous la pression des adventices. Il lui faut juste du temps. C’est parfois compliqué pour nous de changer cette philosophie de : il faut un résultat immédiat ».

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