Deux visions présidentielles et une certitude : bientôt un nouveau projet de loi agricole

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Deux visions présidentielles et une certitude : bientôt un nouveau projet de loi agricole

Pour Marine Le Pen et Emmanuel Macron, quelle vision de l'agriculture ?

A quatre jours du second tour de l’élection présidentielle, dernier rappel sur les visions agricoles des deux finalistes.

Apparition inopinée. «L’éleveur du Cantal» a tout de même été pris deux fois en exemple lors du débat qui opposait Marine Le Pen à Emmanuel Macron ce mercredi soir, en amont du second tour à l’élection présidentielle… A l’image de l’ensemble de la campagne, l’agriculture n’a pas fait l’objet de beaucoup d’attention lors de la confrontation de l’entre-deux tours, si ce n’est au moment de l’expression diamétralement opposée des deux candidats sur l’Europe. Quant à l’agriculture de groupe, il n’en est même pas fait mention dans les programmes des deux finalistes. En les épluchant, force est de constater que les mots cuma, coopérative, groupe ou collectif n’apparaissent pas. A leur décharge, l’élection présidentielle est davantage l’expression d’une vision de l’agriculture que d’un cadre concret de mesures…

PAF et PTA

Quel que soit le choix des Français ce dimanche, il est prévisible qu’une énième loi d’orientation agricole viendra développer les aspirations du nouveau gouvernement pour notre agriculture. Pour Marine Le Pen, cela sera la concrétisation de la PAF (Politique agricole française en remplacement de la Politique Agricole Commune) et pour Emmanuel Macron, ce sera la mise en route d’un Plan de transformation de l’agriculture pour cinq milliards d’euros.

Patriotisme économique et nouvelle politique commerciale

La candidate du Front National estime que «la France, puissance agricole, doit être au service d’une alimentation saine». Cela passe par l’application du patriotisme économique aux produits agricoles français pour soutenir immédiatement «paysans et pêcheurs, notamment au travers de la commande publique (État et collectivités)». La PAF devrait garantir le montant des subventions «dont les critères seront fixés par la France et non plus par l’Union européenne, avec l’objectif de sauver et soutenir le modèle français des exploitations familiales». Son financement réside dans l’arrêt du versement de la contribution française globale à l’Europe. Lors du débat de l’entre-deux tours, Marine Le Pen a redit son aversion pour le libre-échange et les traités négociés par Bruxelles, tout en prônant l’exportation de produits agricoles de qualité (labels). Sur la mise en œuvre de cette volonté politique, ses équipes ont martelé (cf article) la possibilité de négocier en bilatéral avec les autres états européens, sans pour autant détenir les clés d’une issue favorable des discussions. «L’Etat stratège» devrait également avoir la main sur les négociations commerciales pour rééquilibrer la répartition de la valeur entre les maillons de la chaîne en France.

Les candidats se rejoignent (quand même) sur quelques points: encourager l’installation des jeunes agriculteurs, favoriser les circuits courts et le local, simplifier le quotidien des agriculteurs, en «stoppant les normes administratives» pour Marine Le Pen et en «allégeant les charges» du côté d’Emmanuel Macron.

Europe Forte et nouvelle techno

Les ambitions du mouvement En Marche sont, sur le papier, davantage détaillées et chiffrées. Mais certaines contradictions demeurent, notamment entre acceptation du libre-échange et nécessaire régulation des productions . Une «Europe qui protège» devrait toutefois venir palier, selon les dires du candidat, aux déséquilibres commerciaux actuels, que ce soit en termes fiscal et social ou en matière de politiques concurrentielles dans l’Union.

Les agriculteurs, « comme l’ensemble des entrepreneurs », devraient bénéficier d’un allègement des charges pour être davantage compétitifs. Quant aux relations commerciales en France, l’ambition est de les apaiser grâce à un Grenelle de l’Alimentation qui réunira l’ensemble de la chaine de valeur du producteur au consommateur, en passant par les transformateurs et la grande distribution. Emmanuel Macron souhaite également inscrire l’agriculture française dans le futur en favorisant l’accès à des technologies avancées sur les exploitations agricoles. Joint par téléphone, Olivier Allain, conseiller régional de Bretagne et en charge des dossiers agricoles pour En Marche, assure que sur les 1 milliard réservés aux investissements, priorité sera donnée aux «Cuma et ETA».

Les attentes du réseau Cuma

La FNCuma a rencontré plusieurs candidats avant le premier tour pour exposer sa vision. «L’objectif était de mettre en avant les principales attentes du réseau. Priorité aux investissements collectifs, mesures de soutien en faveur de l’accompagnement des groupes, de l’emploi partagé et de l’innovation collective dans les territoires, intégration systématique des projets collectifs dans l’élaboration des cadres juridiques et réglementaires», explique Pierre François Vaquié, délégué général. Si les élus cumistes ont rencontré l’équipe d’Emmanuel Macron, celle de Marine Le Pen, en revanche, n’a pas répondu aux demandes d’entretien.


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