Un essai comparatif de plusieurs matériels de destruction mécanique des couverts végétaux s’est déroulé, le 27 mars 2023, à Sainte-Foy-d’Aigrefeuille (31570) dans le Lauragais. Intitulée “Couverture minimale des sols”, la BCAE 6 précise les critères à respecter. Les dates d’implantation sont fixées pour chaque département, mais il n’est pas spécifié de quelle manière détruire ses couverts. La cinquantaine de participants a donc pu observer un éventail représentatif des machines disponibles sur le marché pour répondre à cet objectif simple : détruire efficacement un couvert végétal sans chimie.
Coorganisée avec les Bio Gers et Ariège Garonne, cette journée a suscité un fort intérêt de la part des agriculteurs présents, dont les problématiques étaient assez similaires : si l’implantation du couvert est plutôt bien maîtrisée, sa destruction vire parfois au cauchemar. Comment s’assurer d’une destruction mécanique totalement efficace sans augmenter plus que de raison ses charges à l’hectare ? Comment gagner du temps et éviter plusieurs passages, afin d’économiser du GNR ? S’il n’y a pas de réponse universelle, ni de solution miracle, on constate tout de même que les outils polyvalents et réduisant le nombre de passages sont les plus plébiscités.
1 – Le déchaumeur à disques indépendants, utile aussi pour la destruction des végétaux
Désormais très répandu, ce matériel rassure les utilisateurs par sa polyvalence. Il peut être utilisé autant pour le déchaumage superficiel, le faux semis, la préparation du lit de semence ou pour la destruction des couverts végétaux. Une grande variété d’options sont disponibles chez les constructeurs (angle d’attaque, diamètre du disque, forme du disque, type de sécurité, pression au sol, rouleau de rappui).
- Les plus : bon débit de chantier. Cet outil prépare l’implantation de la culture suivante tout en détruisant le couvert.
- Les moins : nécessite parfois un deuxième passage. Attention au bourrage (sol bien ressuyé de préférence, dégagement sous bâti important, éviter le rouleau barre).
- Ils en ont acheté en cuma récemment : Pouy-de-Touges, Villematier, Gouzens, Landorthe, Le Terme.
- Prix de revient (GPR cuma Sud-Ouest) : 16 €/ha.
2 – Le déchaumeur à dents et scalpeurs, apprécié pour sa polyvalence
Comme son homologue à disques, cet outil est présent dans de nombreuses cuma et exploitations. Complémentaires de ceux à disques, les déchaumeurs à dents sont eux aussi appréciés pour leur polyvalence (scalpage de surface, déchaumage profond, faux semis, pseudo-labour). Capables de travailler plus en profondeur (jusqu’à 20 cm), ils permettent également de gérer les adventices en surface. Là encore, une large palette de configurations existe (socs, ailettes, dents, type de sécurité, rouleau de rappui). Attention toutefois à l’usure rapide des pièces travaillantes en conditions sèches, comme ce fut le cas en 2022. Si les déchaumeurs à dents ou au chisel sont plus polyvalents et peuvent atteindre des horizons de travail plus profonds, les scalpeurs, eux, sont exclusivement destinés à la destruction des couverts végétaux ou faux semis. N’essayez pas de descendre à plus de 4 cm avec ces machines, elles ne sont pas faites pour cela !
- Les plus : prépare l’implantation de la culture suivante tout en détruisant le couvert, soc droit pour enfouissement profond ou patte d’oie pour scalpage.
- Les moins : attention au bourrage (sol bien ressuyé de préférence, dégagement sous bâti important, éviter le rouleau barre), usure importante des pièces travaillantes.
- Ils en ont acheté en cuma récemment : Haute Vallée du Crieu, Aulon, Casteras.
- Prix de revient (GPR cuma Sud-Ouest) : 18 €/ha.
3 – La fraise rotative, une destruction des végétaux efficace
Autrefois appelé “rotavator”, cet outil revient en force chez de nombreux constructeurs. Si son fonctionnement global reste inchangé, les modifications notoires concernent la forme des dents et surtout l’angle d’attaque. On a souvent reproché aux fraises rotatives de “lisser” et de favoriser une semelle de compaction.
Si les critiques se justifient parfois, il est impératif de se poser les bonnes questions. Cela permet en effet de comprendre les causes de ces problèmes (sol pas assez ressuyé, type de sol, compaction). Pour autant, il faut bien l’admettre : cette machine réalise une destruction efficace du couvert. Les racines des plantes en place sont projetées et laissées à l’air libre sur le dessus, favorisant leur dessèchement. Cependant, il est vrai que le débit de chantier reste faible et que la consommation de GNR augmente un peu, même si le sol est quasiment préparé pour accueillir la culture suivante. La fraise rotative permet également d’éviter un ou deux passages supplémentaires.
- Les plus : ne bouleverse pas les horizons de sol, destruction totale du couvert.
- Les moins : inutilisable sur les parcelles pierreuses, débit de chantier faible, nécessite une grande capacité de prise de force.
- Ils en ont acheté en cuma récemment : Sainte-Suzanne, Nouvelle du Laudot.
- Prix de revient à la cuma de Sainte-Suzanne en 2022 (section groupée de 2 machines) : 32 €/ha. Surface réalisée : 177 ha.
4 – Le rouleau hacheur, complémentaire à d’autres outils de destruction des végétaux
Aussi appelé rouleau faca, il peut convenir à tous les itinéraires, car il ne pénètre pas dans le sol. De nombreux exploitants ont également fait le choix de l’auto construction : des fers plats soudés sur un axe horizontal se rapprochent de l’effet de cisaillement ou de pincement recherché. En revanche, c’est bien le système à plusieurs rouleaux qui est particulièrement efficace sur les couverts multi-espèces bien développés. Des axes à petits diamètres et à rotation rapide déchiquettent mieux la végétation qu’un seul rouleau de grand diamètre. Monté en frontal, il est possible de l’associer à un outil de travail du sol arrière, de manière à obtenir un ensemble très complémentaire pour la destruction des couverts végétaux.
- Les plus : débit de chantier élevé, attelage frontal possible.
- Les moins : ne fonctionne pas sur toutes les espèces végétales.
- Ils en ont acheté en cuma récemment : aucune cuma pour l’instant, mais le projet est en réflexion.
- Prix de revient (Barème Entraide 2022) : 12 €/ha pour 150 ha de surface réalisée.
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