Le matériel, ça ne fait pas tout!» lance Claude Souriau, agriculteur en production biologique à Saint Gervais les trois Clochers, dans la Vienne, et trésorier de la cuma de la Carte. Pour lui, «l’agronomie est la priorité, surtout en bio.» Installé en EARL à deux associés avec des salariés, et converti à l’agriculture biologique depuis 10 ans, ce producteur de volailles fermières est un convaincu du système.
Semis tardif
Les semis de maïs au printemps ne seront pas réalisés avant la première quinzaine de mai. Ce laps de temps est consacré aux faux-semis afin de faire germer les adventices susceptibles de concurrencer la culture. Même approche pour Anthony Raiffe. Salarié d’une exploitation en agriculture biologique également adhérente à la cuma de la Carte, il s’occupe principalement du suivi des cultures. Chez ces deux agriculteurs, la culture du maïs est particulière. En effet ce sont des variétés «maïs population» qui sont utilisées. Ces derniers «ont besoin de chaleur pour germer» poursuit Anthony Raiffe. La date tardive de semis est aussi justifiée car la plantule doit lever rapidement pour concurrencer les adventices. La stratégie de désherbage en dépend.
Pré-requis nécessaires
Les rotations d’environ 6-7 ans sont l’un des piliers majeurs du bon fonctionnement de leurs systèmes. Ainsi la prairie en fait partie intégrante. Les cultures qui suivent sont principalement le maïs, le blé et le méteil, qui est assez couvrant. Autre point: la levée des cultures doit être homogène, gage de qualité des premières interventions de désherbage mécanique. Ces pré-requis assurés, plusieurs outils complètent la gestion des adventices dans la culture. Pour cela, la cuma de la Carte a investi dans toute la chaîne de matériels de désherbage mécanique (herse étrille, houe rotative, bineuse). «On utilise ces outils en grande partie sur le maïs», détaille Anthony Raiffe. Pour les céréales d’hiver, «les principes agronomiques suffisent» selon l’agriculteur. «Le fait d’être en polyculture élevage aide aussi», car les cultures sont mises en place tout au plus deux fois dans la rotation.
Des outils complémentaires
Le semis réalisé, la course commence entre la culture implantée et les adventices. Anthony Raiffe nous détaille le «programme type» sur le maïs: «4-5 jours après le semis, un premier passage de herse étrille à l’aveugle est réalisé.» Il s’attaque alors aux adventices au stade «fils blancs» avant que le maïs ne lève. «C’est le passage le plus important», selon les adhérents de la cuma, car il crée le décalage entre le maïs et les adventices. S’ensuit un passage de houe rotative «quand on voit les rangs de maïs, à 1 feuille ‘vraie’, soit 10-12 jours après le semis.» Anthony Raiffe précise: «Pour être efficace, la herse doit être passée à vitesse élevée, pas moins de 15km/h.» Après un éventuel passage de herse étrille avant le stade 4 feuilles du maïs, c’est la bineuse qui entre en scène. «On la passe au stade 4-6 feuilles, pas avant.» A quelle vitesse? «1km/h par feuille de maïs, donc au premier passage, on passe autour de 5km/h», répond l’agriculteur. Enfin, la dernière intervention de la bineuse a lieu au stade limite passage tracteur, soit à 10-12 feuilles du maï,s «à une vitesse élevée pour butter le maïs.»
Pas que les bio!
Cette technique n’est pas réservée qu’aux agriculteurs bio. Pour Patrice Leblanc, le président de la cuma de la Carte, «même en conventionnel, j’utilise le désherbage mécanique, mais plus en rattrapage afin de ne faire qu’un seul herbicide. En effet le ‘tout mécanique’ n’est pas simple à mettre en œuvre suivant les années.» Il se dit cependant «prêt à privilégier» cette technique à l’avenir.
Le désherbage mécanique à la cuma de la Carte
Matériels | Marque | Année d'achat | Largeur | Débit de chantier | Nombre d'ha | Prix facturé (€/ha) |
---|---|---|---|---|---|---|
Herse étrille | Carré | 2012 | 9 m | 4-5 ha/h | 240 | 16, 50 |
Houe rotative | Carré | 2011 | 6 m | 3-4 ha/h | 240 | 16, 50 |
Bineuses (autoguidage par traçage) | Ribouleau et Kongskilde | 1996 et 2009 | 6 rangs | 1 à 2 ha/h | 114 | 14 |