Que ce soit pour des raisons environnementales, économiques ou réglementaires, chaque agriculteur a pour ambition de réduire ses apports de produits phytosanitaires sur ses cultures. Pour le soja, par exemple, le désherbage mixte – chimique et mécanique – permet de gérer les adventices de manière assez efficace.
Une herse efficace
De nombreux essais ont été réalisés par Terres Innovia sur la culture du soja pour mesurer l’efficacité des programmes de désherbage. « Les résultats sur jeunes dicotylédones sont assez prometteurs, lance Fanny Vuillemin, ingénieure chez Terres Innovia, qui parle des chénopodes et mercuriales, notamment. En effet, le programme complet à base d’herbicides est aussi efficace qu’un programme comprenant une application d’herbicide en prélevé et deux passages de herse étrille. » À l’inverse, la houe rotative, plus exigeante en matière d’utilisation et de nature des sols, n’est pas assez efficace.
Bien sûr, ces résultats sont à prendre avec des pincettes car ils diffèrent selon les conditions météorologiques de l’année. « En année sèche et sur des adventices peu développées, c’est assez facile de miser sur la technique mécanique », reconnaît l’ingénieure.
Toutefois, sur des adventices plus développées et plus difficiles à éliminer, comme les graminées estivales, l’optimum de l’efficacité est atteint avec un herbicide et plusieurs passages de herse. « C’est la herse qui fait le rattrapage, assure Fanny Vuillemin. Car en conditions sèches, les désherbants chimiques ne sont pas toujours suffisants. »
De fausses économies ?
En revanche, la herse étrille montre ses limites lorsque la parcelle de soja est infestée de dicotylédones et de graminées. Lorsqu’il est nécessaire de rattraper les désherbages chimiques, la bineuse donne satisfaction.
« La herse n’est plus aussi efficace que sur les dicotylédones car celles-ci sont trop développées. La faute au désherbant chimique qui n’était pas assez efficace. » Dans ce cas, c’est la bineuse qui rattrape la situation.
Côté économique, réduire les applications d’herbicides entrainent forcément un gain. Mais attention, le surplus de travail dû au nombre de passages ne compense pas toujours cette économie. « Dans nos essais, un passage de pulvé et deux de herse équivalent à deux passages de pulvé », illustre l’ingénieure.
Surveiller la météo pour le désherbage du soja
L’autre méthode de désherbage mixte consiste à traiter le rang de soja avec des molécules chimiques tout en binant l’inter-rang. Les deux opérations peuvent être effectuées d’une part au semis et d’autre part à la levée. L’autre méthode, moins conseillée, est d’utiliser une désherbineuse.
« Ce dispositif n’est pas souvent préconisé car, pour une efficacité optimale, les conditions climatiques doivent être réunies, explique Fanny Vuillemin. Or il est difficile d’avoir des conditions séchantes pour le binage et, en même temps, une hygrométrie importante pour les produits phyto. »
Les essais montrent qu’un traitement sur le rang n’est pas suffisant. Tout comme un binage seul. L’efficacité de ce dispositif est atteint lorsque les deux sont combinés avec un passage de désherbant chimique et deux passages avec la bineuse. « Cette méthode a un gain économique uniquement si le produit phyto a un coût supérieur à 70 €/ha », précise l’ingénieure.
Et de rappeler : « C’est la météo qui dicte la stratégie à adopter. Ce n’est pas la peine de biner une parcelle s’il pleut dans les jours qui suivent. Cela pourrait être contre-productif. »
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