Ne pas mettre ses œufs dans le même panier! C’est la ligne de conduite adoptée par Daniel Mérigot (voir aussi le dossier du numéro mensuel d’Entraid’ de février 2018 consacré à la diversification des cultures, pour vous abonner, cliquez ici). L’agrandissement est particulièrement compliqué dans le coin compte-tenu du peu de foncier disponible. Alors, cet agriculteur qui est en même temps trésorier de la cuma du Sillon, a cherché et trouvé des pistes alternatives aux cultures céréalières autrefois dominantes de son exploitation.
Valoriser les céréales
En 1995, une dizaine d’années après son installation, il constitue une SCEA avec 6 autres exploitations et une coopérative, pour créer un élevage de porcs avec quatre salariés dédiés. Objectif : valoriser les céréales produites localement en générant de la valeur ajoutée pour les exploitations associées.
En 2003, l’exploitant s’engage dans la production de tabac. 44ha aujourd’hui. Cette production est en perte de vitesse en France, malgré les besoins du marché. Elle est parfois désertée par les exploitants qui arrivent en fin de carrière. La production exige en effet beaucoup de travail. Le recours à de la main-d’œuvre saisonnière en été (40 sur l’exploitation de Daniel Mérigot) peut être un casse-tête! Mais si les producteurs sont rigoureux, comme dans l’application des traitements phytos par exemple, alors ils peuvent espérer des marges économiques intéressantes.
En 2003-2004, il développe la luzerne –«excellente tête d’assolement » souligne-t-il– au profit d’un nouvel éleveur de chèvres installé sans surface. La luzerne peut trouver des débouchés locaux dans cette région caprine où les élevages recherchent des ressources alimentaires riches en protéines. Aujourd’hui, cette culture couvre 16ha.
Précurseur dans le biogaz
En 2009, il s’implique cette fois dans la méthanisation par l’intermédiaire la SCEA Porcs Bel Air dans laquelle il est associé. La SAS Métha Bel Air est créée. Elle compte deux autres associés en plus de la porcherie: la coopérative Coréa (devenue depuis Océalia) et la régie d’électricité Sergie. Il a fallu «défricher» tous les savoir-faire de cette production d’énergie complètement inédite à l‘époque. Désormais, l’installation est en vitesse de croisière. Et la chaleur dégagée par l’unité de méthanisation sert à la fois au séchage du foin de luzerne (récolté en bottes rondes placées dans un séchoir Climair de 32bottes) et au séchage des feuilles de tabac.
En 2014, par l’intermédiaire de son fils qui travaille à mi-temps sur son exploitation, il entre en contact avec un jeune producteur voisin, de pommes de terre bio. Celui-ci dispose du matériel nécessaire à cette production. L’exploitation de Daniel Mérigot se lance à son tour dans cette filière en ciblant la production de plants de pomme de terre. Six hectares sont implantés. L’exploitation voisine met à disposition son matériel. En retour celle-ci bénéficie du matériel tabacole de l’exploitation de Daniel Mérigot pour cultiver du tabac bio. La culture de plants de plants de pomme de terre s’avère bien adaptée aux conditions pédo-climatiques et sanitaires du territoire.
Saisir les marchés porteurs
2017, dernière diversification en date : les noisettes. Dix hectares ont été plantés. Les premières noisettes arriveront dans trois ans et les noisetiers seront en pleine production dans cinq ans. Le démarrage de cette nouvelle production se fait en synergie avec trois autres producteurs du Nord Charentes, avec lesquels l’exploitation de Daniel Mérigot échange des conseils, partage des coups de main et surtout du matériel spécifique à cette nouvelle production : élagueuse, andaineur, ramasseuse, chaîne de tri. «Le marché de fruits à coques est porteur, il y a une pénurie de noisettes en ce moment.» Par rapport à cette ouverture à d’autres productions, Daniel Mérigot justifie: «Il faut savoir saisir les opportunités quand elles se présentent. En développant des cultures diversifiées, je conforte l’avenir de mon exploitation et sa reprise par les enfants.»