Des moutons dans les champs de céréales

Partager sur

Des moutons dans les champs de céréales

Conférence le 4 septembre à Tech Ovin sur les complémentarités entre céréaliculture et élevage ovin. Les échanges entre les deux productions peuvent aller jusqu’à la création d’un élevage sur une exploitation céréalière en place.

Au salon Tech-Ovin les 4 et 5 septembre, l’opportunité de réassocier les productions ovine et céréalière a été mise en exergue. Une recombinaison qui présente des atouts agronomiques et économiques.

«Gagnant-gagnant»: telle est l’intention des céréaliers et des éleveurs ovins qui nouent des échanges. Cela concerne en particulier la mise à disposition par les céréaliers de parcelles en intercultures pouvant constituer un apport supplémentaire de fourrages pour les éleveurs concernés.

Un supplément de stock très appréciable face aux sécheresses récurrentes. Cette mixité peut carrément aller jusqu’à la création dans une exploitation céréalière d’un atelier ovin. C’est le cas de Etienne Mouchet, agriculteur céréalier depuis de nombreuses années dans la Champagne Berrichonne (Indre) sur 300ha, en conversion bio. Cet agriculteur a fait part de son expérience e 4 septembre à Bellac au salon Tech Ovin.

A ses côtés témoignait Margot Linard, future éleveuse de moutons. Entre les deux, un projet d’association est prévu. L’un et l’autre étant convaincus de l’intérêt des complémentarités entre les deux activités. Clin d’oeil à l’histoire : avant que la Champagne Berrichonne ne soit conquise entièrement par les céréales, les moutons étaient légion dans ce territoire.

intercultures Etienne Mouchet

Etienne Mouchet, exploitant céréalier dans l’Indre, a un projet d’association avec Margot Linard en vue de créer un atelier ovin.

Arguments économiques

Aujourd’hui, une brebis sur cinq est élevée en zone de culture, avec de bons résultats technico-économiques. Et ces derniers temps, le prix de l’agneau s’est révélé plus stable que les cours assez volatils des céréales.

La diversification des revenus permise par la création d’un élevage ovin est donc susceptible de sécuriser l’exploitation céréalière. L’atelier ovins peut en effet créer de la valeur ajoutée tout en valorisant les co-produits de l’exploitation comme la paille et les couverts végétaux.

Les calculs réalisés par l’Idele à partir d’un cas type dans la Vienne sur une exploitation céréalière (blé tendre, blé dur, orge, maïs, tournesol) de 100ha, intégrant un troupeau de brebis, montre clairement la possibilité de dégager un supplément de marge brute.

Selon les prix de vente des céréales (élevés, moyens ou bas), le surcroît de marge brute sera plus ou moins significatif. Jusqu’à 15 000 € pour un troupeau de 250 brebis en cas de faibles prix de vente des cultures.

intercultures Margot Linard

Margot Linard, en projet d’installation ovine sur l’exploitation céréalière d’Etienne Mouchet.

 

Arguments agronomiques

Au-delà de ces retours économiques directs pour l’exploitation, la réapparition des moutons dans les exploitations céréalières engendre aussi d’autres avantages indirects. Ainsi le pâturage peut concourir à la lutte conte le salissement des parcelles, et donc à la diminution des IFT.

Il peut aussi être bénéfique à la réduction des populations de campagnols et limaces. Avec le fumier, la ferme bénéficiera en plus d’un apport de fertilisant.

Notons aussi que ce retour à la mixité entre production animale et végétale est en phase avec la tendance actuelle au rallongement des rotations.

Arguments… emploi

Comme dans l’exemple d’Etienne Mouchet et Margot Linard, la réintroduction d’un élevage de moutons est une manière d’envisager l’arrivée d’un nouvel associé sur l’exploitation, sans être obligé de s’agrandir.

Cela peut être aussi un moyen de conforter la place du salarié présent, puisque les pointes de travaux en élevage ovin et notamment les périodes d’agnelage peuvent se concentrer en hiver (décembre, janvier, février) à une époque où les travaux culturaux cessent.

Le travail annuel pour un troupeau de 250 brebis est évalué à 1/3 temps et 2/3 temps pour 500 brebis. Sans forcément aller jusqu’à fusionner leur activité au sein d’une seule exploitation, éleveurs ovins et céréaliers peuvent conclure des échanges profitables aux deux parties. D’ailleurs les céréaliers, souvent dubitatifs au départ, sont progressivement convaincus par cette démarche après l’avoir expérimenté.

Sélectionner deux matériels de la même famille pour les comparer