Une table ronde sur le thème « Agroéquipements et nouvelles technologies pour aller vers la triple performance » a réuni un élu du réseau, un agriculteur, deux experts et un constructeur. Ils ont bien montré que les machines ne sont que des outils au service d’une stratégie décidée par les agriculteurs. Encore faut-il ensuite que la demande soit suffisamment forte pour que les constructeurs développent des solutions allant dans telle ou telle direction. Thierry Panadero, président de Claas Europe, relève : « On ne peut pas développer une moissonneuse-batteuse seulement pour le marché du Loir-et-Cher. C’est la façon dont on l’utilise qui fait l’adaptation aux besoins ».
La maîtrise des données
Jean-Marc Bournigal, président de l’Irstea (ex-Cemagref) : «L’agriculteur est seul pour maîtriser un système avec un nombre de facteurs à intégrer élevé. Entre les outils de mesure et le traitement des données, émergent des outils d’aide à la décision. Sur cette partie-là il n’y a pas encore d’acteurs, c’est une des recommandations sur lesquelles nous travaillons. L’idée : comment les données qui appartiennent à l’agriculteur peuvent-elles être mises en place dans un système qui garantissent l’open-innovation ? Qu’elles ne soient pas captées, soit de façon verticale par les semenciers et l’agrochimie, soit de façon transversale par les agroéquipementiers qui derrière auront tendance à promouvoir les OAD qui sont plutôt liés aux modèles de développement agricole que ces entreprises veulent porter».
Impossible polyvalence
Jérôme Rétif, agriculteur dans le Loir et Cher : « Parlons de polyvalence. Il faut faire avec les outils disponibles sur l’exploitation ou en coopération. L’idée de la cuma est intéressante pour ça, et aussi pour se rassurer : quand vous changez votre façon de faire du tout au tout, vous avez besoin d’être épaulé, même si vous êtes sûr de vous. L’agroécologie ou l’agriculture de conservation englobent tellement de techniques, demandent tellement d’investissements qu’il faut forcément raisonner à plusieurs ». Pierre Claquin, bureau de la prospective au Ministère de l’agriculture, poursuit : « On ne change pas un parc du jour au lendemain, et les agriculteurs ne peuvent pas s’offrir des machines alternatives juste pour tester de nouveaux itinéraires. Il y aura autant de solutions que d’agriculteurs. Le bricolage et l’autoconstruction ont de l’avenir aussi, à côté du très high-tech».
La table ronde s’est déroulée en mai 2015 durant l’Assemblée générale de la Fncuma.