La méthanisation se développe à grands pas. Et avec elle, la production de digestats. Cette matière solide ou liquide est issue des ingrédients introduits dans le digesteur. Les digestats pourraient couvrir, en 2050, un quart des besoins azotés des cultures. Désormais, on connait davantage leur valeur. Même si on distingue plusieurs types de digestats. «Leur composition est intrinsèquement liée aux intrants méthanisés» précise en effet le bureau d’études Solagro, dédié aux énergies renouvelables et à l’environnement.
Valeur amendante…
Rappelons d’abord que les digestats sont capables d’amender le sol. Cette matière organique stable participe à l’amélioration physico-chimique du sol: rétention en eau, porosité du sol, résistance à la compaction et effet sur le pH. Les digestats concourent, selon les experts de Solagro, à l’amélioration du fonctionnement biologique et du bilan humique. Un bon point pour les micro-organismes vivants. En effet, dans les sols enrichis en amendement organique, la population de vers de terre est plus nombreuse.
…et fertilisante
D’autre part, l’intérêt est de réduire les dépenses d’engrais industriels. Cet argument fait mouche, surtout dans les exploitations de grandes cultures. Le digestat contient en effet une palette d’éléments nutritifs: azote, phosphore, potassium, soufre, calcium, magnésium, oligo-élements. Solagro explique que l’azote contenu dans le digestat est facilement assimilable. L’effet fertilisant évalué pour les digestats liquides est globalement supérieur à la valeur habituelle des lisiers et fumiers de porcs et de bovins et des boues d’épuration. Dans les effluents d’élevage, seul le lisier de volailles présente une valeur fertilisante supérieure.
Toutefois, Solagro avertit: «La minéralisation d’une partie de l’azote entrant oblige à manier ce sous-produit organique avec précaution, pour conserver les bénéfices environnementaux et agronomiques de la méthanisation.» Cela passe par la couverture des cuves de stockage de digestat, couplée à un épandage de qualité avec pendillard ou enfouissement. Ces dispositions peuvent limiter la volatilisation de l’azote ammoniacal. Les experts considèrent également que la séparation de phase concourt à limiter les pertes azotées.
Sans odeur!
Dans les retours d’expérience présentés, le post-traitement de digestats ne semble pas utile. Mis à part dans les sites situés en ZES qui souhaiteraient éventuellement exporter l’azote excédentaire. Sécher le digestat rajouterait une phase en plus dans un process déjà compliqué.
Enfin, une propriété donne à cette matière, un supplément d’intérê : «Au terme du process, les acides gras volatils responsables des odeurs sont détruits: le digestat produit est pratiquement inodore, même une fois épandu dans les champs», assure l’Ademe.
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