Quelle différence entre un CIPAN et une dérobée ? Les dérobées sont des cultures avec une destination de production de fourrage pour incorporer dans la ration des animaux. La règlementation autorise donc une fertilisation (organique et minérale) si une récolte est prévue avant la fin de l’année. De plus, la composition du mélange n’est pas arrêtée sur la part de légumineuse. On a donc ici une culture à part entière.
Et techniquement ?
Cette interculture peut se retrouver de différentes manières au sein d’une exploitation. Les objectifs sont différents d’un éleveur à un autre. Pourquoi faire des dérobées ? Un des objectifs recherchés est le stock de fourrage, avec un potentiel allant de 3 à 8 t MS/ha. Ce rendement moyen varie selon plusieurs facteurs, notamment le choix des mélanges et des techniques de récolte (récolte automnale ou non).
Vers l’autonomie alimentaire
Le challenge d’autonomie alimentaire dans les élevages est essentiellement basé sur la recherche de protéines car la culture du maïs garantit une production d’énergie sûre et fiable dans les élevages bretons. L’évolution passe donc par la production de protéines sur l’exploitation, avec des mélanges composés de légumineuses et protéagineux que l’on retrouve en priorité dans les dérobées. L’intérêt du mélange a toujours été vérifié, en garantissant un meilleur rendement. Un RGI pur présente moins de valeur alimentaire qu’un RGI associé à un ou plusieurs trèfles annuels.
Après la céréale
La mise en place des dérobées se fait en règle générale après la récolte de céréales. Au même titre qu’un couvert végétal classique, les recommandations agronomiques sont similaires. La céréale laisse un sol frais qui doit permettre au couvert de s’implanter plus facilement. C’est pourquoi le semis doit venir plus rapidement après la récolte. Si l’organisation ne le permet pas, un déchaumage aura pour intérêt d’opérer un faux semis, et pourra casser la capillarité des chaumes afin d’éviter au sol de trop sécher en attendant le semis. Ce dernier se fait en règle générale avec un semoir classique qui travail de manière régulière et homogène. La réussite de la culture passe par un bon semis, c’est-à-dire, un semis homogène, bottes relevées (mélanges prairiaux) et sur une terre rappuyée. Ne pas hésiter à rappuyer le semis à l’aide d’un rouleau. La récolte ne sera que plus facile sans les cailloux et sur une surface plane (moins de risque de terre et de casse du matériel). Attention cependant, dans le choix des espèces, à la rémanence des produits herbicides suite à la culture de céréales, notamment pour les trèfles.
Nous vous invitons vivement à venir discuter le 23 juin prochain sur l’atelier « Les dérobées : valoriser l’interculture comme fourrage pour l’élevage » avec une équipe d’éleveurs et de techniciens motivés pour échanger avec vous.
Avis : Loïc Jouan |
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Economie de correcteur azoté avec l’affouragement en vert Loïc Jouan, agriculteur à la Nouaye (35), a opté pour l’affouragement en vert. « J’ai débuté l’affourragement en vert des dérobées RGI-colza en 2008, avec une Taarup et une remorque distributrice pour l’alimentation des 50 vaches laitières ». L’exploitation a évolué en gaec en 2013 avec l’installation de son fils. L’élevage compte alors 90 vaches, mais l’accessibilité des parcelles reste un frein. Un an après, le gaec fait l’acquisition d’une remorque faucheuse autochargeuse Bonino. « La coupe est plus franche, et le produit plus homogène. La Taarup avait l’inconvénient d’arracher le fourrage qui promettait des mauvaises repousses notamment sur les ray grass ». L’affouragement en vert évolue en fonction de la période de l’année. « Entre un blé et un maïs, on sème 10 à 15 ha de RGI/colza pour récolter pendant l’hiver, et 10 à 15 ha de RGI/trèfle incarnat pour récolter en vert ou en ensilage ». Les semis sont répartis entre début août et début septembre pour étaler les récoltes par la suite. L’affourragement se poursuit pendant la période estivale avec un mélange luzerne/chicorée. Cette technique oblige l’éleveur à passer environ une heure par jour (fonction de l’éloignement des parcelles) pour effectuer la coupe et la distribution. Mais ce temps passé se justifie dans la valorisation des couverts et permet une économie de correcteur azoté. |