Dans les exploitations sociétaires, les départs d’associés devraient se multiplier dans les prochaines années compte-tenu de la pyramide des âges. Olivier Martineau de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire est intervenu à l’assemblée annuelle des cuma sarthoises, le 7 févier, en appelant les exploitants concernés à se poser en amont toutes les questions sur eux-mêmes: aptitude à gérer du personnel ou/et à partager le revenu et les responsabilités? Motivations pour se libérer du temps et limiter les contraintes quotidiennes?
L’enjeu est de «clarifier ses objectifs et se donner un cap» selon ce consultant RH avant de s’orienter vers tel ou tel schéma: robot + délégation, salle de traite + salariat, etc.
Cas concret: départ du père en Gaec lait
Imaginons un Gaec lait familial à 2 UTH (450.000 l, 62 vaches laitières sur 90 ha), ayant peu investi récemment (installation de traite, matériels agricoles) et confronté au départ du père. Le fils sera amené alors à évaluer différentes stratégies en fonction des objectifs qu’il s’est fixé: temps de travail de 2.300 h/an et 1 week-end/3, revenu disponible de 25.000 € et augmentation de l’élevage en passant de 450.000 à 600.000 l et de 60 à 65 VL, sur la même surface.
Trois hypothèses sont alors posées: acquisition d’un robot avec l’embauche d’un salarié à mi-temps, acquisition d’un robot avec la délégation des travaux, investissement dans une salle de traite fonctionnelle et embauche concomitante d’un salarié à temps plein. Selon les scénarios choisis, l’impact sur la rentabilité (prix d’équilibre/1.000 l), le temps disponible mais aussi la pression mentale n’en seront pas les mêmes (voir le tableau ci-dessous).
Plus d’efficacité économique avec le salarié?
Selon Olivier Martineau, «les systèmes avec salariat génèrent souvent plus d’efficacité économique». En phase de transmission sociétaire, l’agriculteur restant doit s’interroger sur l’organisation de sa production (ex: productivité fourragère) et plus largement, sur son métier (spécialisation des tâches, négociation avec les prestataires, management). Le statut de l’agriculteur peut imperceptiblement muter d’«agriculteur opérateur» vers «agriculteur dirigeant» en présence d’un salarié. Le chef d’exploitation arbitrera, en fonction de l’urgence ou/et de l’importance, les tâches pouvant être déléguées.
Diminuer la charge mentale!
Attention: la fatigue des nouvelles générations d’éleveurs n’est plus simplement physique. Elle devient aussi de plus en plus mentale. C’est pourquoi les attributions d’un tiers salarié dans l’exploitation concerneront naturellement les champs habituels du travail quotidien (élevage, culture, administratif) mais éventuellement aussi d’autres missions que le travail opérationnel (gestion des imprévus, prise d’initiative…). Ceci à condition que le salarié dispose de l’autonomie suffisante.
On peut même songer à associer ce tiers dans l’élaboration de la stratégie de l’entreprise tout en en restant maître. Nos voisins anglais vont même plus loin selon le représentant de la chambre d’agriculture puisque, dans certaines exploitations laitières gérées selon le principe du «Business model», l’exploitant occupe à 100% un rôle de manager!