Cent vaches laitières à 7.000 l par an, entre 15 et 20 cultures différentes dans un assolement qui couvre 197 ha, le tout conduit en bio, par une équipe de trois associés travaillant sans salarié. La ferme est aussi engagée dans un atelier de production de biogaz qu’elle partage avec une entreprise agricole voisine. Malgré tout ça, les agriculteurs trouvent le temps pour s’engager dans des organisations professionnelles ou territoriales, à l’instar de Sébastien, président de la cuma de Plumaudan. Car s’ils parviennent à tout faire, le secret des frères Delaroche tient en deux mots : organisation et délégation.
Sous la couverture photovoltaique de la stabulation ; parce qu’ils produisent aussi de l’électricité à partir de l’énergie solaire ; c’est une désileuse de cuma qui passe devant l’auge pour nourrir le troupeau qui vit autour des stalles de traite automatisées. Avant le passage en bio, «nous étions à 10.500 l par vache. Nous avons conservé un système intensif. Les vaches ont toute l’année une ration à base de maïs et d’herbe», que cette dernière soit pâturée ou ensilée.
Grâce à un échange parcellaire en 2016, une centaine d’hectares est accessible au troupeau. Ce qu’ils délèguent a fait l’objet de choix. La herse étrille à l’hivernage sous un bâtiment de l’autre côté de la cour est une preuve que les stratégies d’équipement sont choisies au cas par cas. «Nous avions commencé le désherbage mécanique avec un voisin, mais ce n’est pas idéal pour ces interventions.»
De spécialistes mais pouvant intervenir partout
La conversion à l’agriculture biologique a constitué un nouveau challenge pour Sébastien et Ludovic. Leur système maïs – blé – orge – colza s’est ouvert aux légumes (haricot, petit pois, pomme de terre). Réticents à s’engager dans cette voie de la bio, ils convertissent finalement toute leur ferme. Aujourd’hui, «nous ne ferions pas marche arrière», confient les agriculteurs bretons qui font toujours évoluer leur système. «Nous sommes en système fumier et ce n’est pas évident de gérer la fertilisation en bio.»
Pour se simplifier la tâche, ils se lancent dans la méthanisation, avec un porcher voisin, lui aussi en agrobiologie. «La chaleur lui sert aux porcherie» et approvisionnera le vent chaud qui devrait bientôt souffler dans le séchoir encore en construction sur le site.
Au gaec Delaroche, Romain a rejoint ses frères en 2017. Il est particulièrement en charge de cette nouvelle activité. «Chacune des deux fermes a un associé référent pour la méthanisation», présente encore le trio. Pour autant, tout le monde doit être capable d’intervenir, y compris auprès des digesteurs. Les gardes du week-end alternent. Une semaine sur deux pour les exploitations, ce qui revient à un week-end sur six pour chacun des associés.
Garder ou retrouver les équilibres
Tout est donc bien organisé sur l’entreprise. Lors des week-end de garde, le dimanche se résume à 4 heures de travail avec la méthanisation. «Nous parvenons même à accueillir des visiteurs, comme aujourd’hui (1), sans nous lever à 5h00 du matin», sourit Ludovic. Chaque associé a son poste privilégié. Le chauffeur de la désileuse trouve un panneau avec les instructions à son entrée, pour la traite, «je vais chercher les vache le soir en début de saison, puis une porte intelligente les laisse ressortir ou non», explique Ludovic qui est aussi délégué du contrôle laitier local. «Nous avons 8 paddocks gérés avec un fil avant. Nous sommes à 17 ares/VL. Je pense avoir trouvé l’équilibre de mon système de pâturage.»
Communication
Ludovic travaille avec Sébastien depuis 2008, suffisamment longtemps pour que les automatismes soient pris. En revanche, l’arrivée de Romain rebat les cartes. «Il faut que l’on s’impose de réviser nos méthodes de communication», concèdent les trois associés. «Nous nous complétons bien les uns les autres», mais cela ne fait pas tout: « Il faut que tout le monde ait les informations. D’autant plus aux moments des pics de travaux, nous devrons prendre le pli d’une vraie réunion, notamment pour faire le planning.»
(1) En décembre, le Gaec Delaroche accueillait un car de visiteurs dans le cadre des journées énergisantes du BTPL.
Plus de travaux, un travail plus réparti Les deux agriculteurs qui ont connu la diversification de l’assolement constatent que le fait d’avoir 17 cultures différentes est un atout vis-à-vis de la répartition du travail sur l’année. Chacune des interventions sur une culture se faisant sur une moindre surface, l’urgence aux pics de travaux s’étale, de la même manière que le risque économique d’une culture un peu ratée se dilue. Ils comptent aussi sur leur esprit d’initiative : « encore plus en bio, il ne faut pas avoir peur d’essayer, d’oser. Si on loupe une culture d’automne, on pourra avoir une seconde chance avec une culture de printemps. » |
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