« Mon combat aujourd’hui (…), c’est de faire en sorte que l’on ne tue pas la France, qu’on ne tue pas au nom du fric et au nom de l’uniformisation des goûts, le goût du terroir », a expliqué dans une vidéo le député à l’origine de cette distribution, Richard Ramos (MoDem), opposé à la pasteurisation du fromage AOP de Normandie en 2021.
Le coup médiatique de l’élu du Loiret, qui ne veut pas être « une espèce de député pasteurisé », n’a pas laissé indifférent.
Dans les couloirs du Palais Bourbon, cela sentait « une délicieuse odeur » pour les amateurs, ou cela « empest(ait) » pour les allergiques au fameux fromage à pâte molle. « On m’a piqué mon claquos », a même pesté un député.
« Se faire faire une boîte de camembert à son effigie, la distribuer à tous les députés à l’Assemblée… D’ailleurs, lorsqu’on y rentre, on sent le bon camembert de Normandie… Je dois vous dire bravo », a lancé le ministre de l’Agriculture, Didier Guillaume, à M. Ramos, lors des questions au gouvernement, avant de répondre à une interrogation d’un député LR sur le même sujet.
Ce dernier, Jérôme Nury, élu dans l’Orne – d’où vient le camembert – a demandé au ministre de rassurer éleveurs normands et gastronomes, alors que les règles d’AOP (appellation d’origine protégée) vont changer pour « le roi des fromages ».
Cette modification est demandée depuis plusieurs années, pour que cesse la guerre opposant la production AOP à la production industrielle qui utilise la mention « fabriqué en Normandie », semant la confusion chez les consommateurs.
« Non, l’AOP n’est pas le cheval de Troie des industriels. Et non, la production de camembert au lait cru n’est pas en danger », a répondu M. Guillaume, renommé ministre de « l’Agriculture et du fromage » par le président de l’Assemblée, Richard Ferrand.
« Ce n’est pas le Premier ministre (ex-maire du Havre, en Normandie) qui me démentira si je dis qu’un bon camembert doit être goûtu, au lait cru et sentir un peu fort », a ajouté M. Guillaume, alors qu’Édouard Philippe acquiesçait.
Avec le changement des règles, « le camembert au lait cru deviendra une enclave dans un océan de camemberts pasteurisés fabriqués à la chaîne comme des petits caramels », a dénoncé en conférence de presse Véronique Richez-Lerouge, présidente de l’association Fromages de Terroirs, qui espère une intervention de Bruxelles.
Cependant, pour Jocelyn Pesqueux, producteur de lait en Seine-Maritime, également convié par Richard Ramos, il n’y a pas de quoi en faire un fromage: cette réforme permettra de « valoriser la production » et « clarifiera » les choses pour les consommateurs.