Une très large majorité d’exploitations produiront de l’énergie en France dans les années à venir. Un rapport du Conseil général de l’alimentation, de l’agriculture et des espaces ruraux (CGAAER) publié fin 2022 et qui se penche sur la décarbonation de l’énergie utilisée en agriculture, dresse des panoramas possibles en 2050. On fait un point sur la décarbonisation dans l’agriculture en 2025.
Décarbonisation dans l’agriculture en 2025 : vers un modèle énergétique durable et rentable
« Il y a un scénario dans cette étude qui remplit l’objectif visé. C’est-à-dire que les exploitations ont décarboné 100 % de leur fourniture d’énergie. Et bien qu’il comporte de nombreux points plus que discutables, il pourrait incarner une trajectoire à suivre en la matière. Quoi qu’il en soit, il représente le cas « idéal » du rapport. », résume Mehdi Miftah (chargé de mission énergie de la Fncuma).
Dans cette projection, 80 % des exploitations agricoles sont alors productrices d’énergie, ces exploitations étant de taille moyenne à grande, ou de produits à haute valeur ajoutée. En ordre d’idée, l’énergiculture leur fournit un quart du revenu net.
15 % d’économie, 100 % de substitution
L’Insee relève qu’en 2021, les énergies renouvelables constituent 10 % du mix énergétique de l’agriculture. La publication du CGAAER considère donc réalisable que trois décennies plus tard, cette proportion atteint 100 %, avec en parallèle, une économie d’énergie de 15 % par rapport à la consommation actuelle du secteur.
Mehdi Miftah pointe cependant que les plus récentes décisions des pouvoirs publics semblent dévier la trajectoire. Il cite « le rétropédalage sur le début d’une fiscalité sur le GNR » ou la baisse de certains soutiens. « Regardons notamment le photovoltaïque, dont le tarif d’achat continue de baisser. »
Et à l’inverse, le prix l’électricité au consommateur augmente, « alors que l’électrification des usages est un des leviers de la décarbonation »
L’énergie peut devenir un handicap structurel de l’exploitation agricole
Ainsi, c’est plutôt un scénario ‘dégradé’ décrit par l’étude qui tiendrait la corde. Reste néanmoins dans celui-ci une évolution. Mais elle sera « duale » et conduira à « la coexistence de deux strates très différenciées », alerte la publication.
Dans cette hypothèse plausible, le nombre d’exploitations a diminué, (comme dans le cas « idéal »), et une bonne moitié des structures restantes aura réussi sa transition énergétique. Et il y aura les autres, que le prix des énergies fossiles aura rattrapé.
La conclusion du rapport pose un chiffre : « En 2050, la facture d’énergie des agriculteurs non producteurs d’énergie représenterait plus de 30 % de leurs charges directes, contre moins de 8 % en 2020. »
L’action collective en clef de réussite
« Vu notamment les coûts d’investissement, il y a des projets de production d’énergie qui seraient très compliqués à réaliser avec une démarche individuelle », soulignent les responsables du réseau cuma normand. Ils s’appuient sur l’exemple de la méthanisation pour arguer ainsi l’intérêt de la mutualisation.
Leurs sept déchiqueteuses à bois qui rayonnent aujourd’hui sur l’ensemble de la région démontrent aussi la capacité de l’écosystème cuma à déployer des solutions adaptées et durables aux enjeux agricoles.
Y compris pour les économies
« Pour répondre aux multiples défis qu’ils doivent affronter simultanément (et notamment de continuer à produire), les systèmes de production agricoles disposent de différents leviers », peut-on lire dans le rapport « pour une agriculture bas-carbone, résiliente et prospère » de The shift project (think tank qui œuvre en faveur d’une économie libérée de la contrainte carbone). Et le document du Think Tank précise que la mutualisation, à l’instar du recours aux prestations, en fait partie. Ce sont « des moyens de réduire l’empreinte GES du machinisme. »
Dans les campagnes, les agriculteurs qui ont déjà réussi un échange parcellaire ne tarissent pas de témoignages. Des parcelles moins éloignées, avec des formes plus efficientes, participent à réduire les heures de tracteurs, donc les consommations de carburant (en même temps que le temps de travail). Autant de démarches qui l’indiquent. C’est aussi avec des voisins que l’on peut s’installer confortablement dans l’avenir.
Pour plus d’information, retrouvez aussi ces articles sur www.entraid.com :