Témoignage: de salariée à associée. Cette pétillante jeune fille de 21 ans est fraichement diplômée d’un BTS Productions animales. De plus, son sens du contact avec les animaux l’a fait rapidement adopter par Joël. «Tout le monde pense qu’il y aura un coup de foudre entre le repreneur et le cédant. Ici, la relation s’est tissée peu à peu, sûrement et durablement.» Noémie rêve de s’installer avec son futur mari, Sébastien Manach, qui a longtemps été bercé par la litanie: «Si tu n’es pas fils d’agriculteur, tu ne réussiras jamais à t’installer». Tous deux étant non issus du monde agricole, ce rêve leur paraît alors inaccessible.
De salariée à associée: une installation en 2 temps
De rencontre en discussions, Joël Leroux se projette et commence à parler transmission au jeune couple.
«Je savais qu’à horizon de 2018, je partirai à la retraite. Après 45 ans passés sur l’exploitation agricole, j’avais envie que l’outil continue de tourner, même si les opportunités ne manquaient pas de vendre à des voisins» se souvient Joël.
Le futur cédant sait aussi que le jeune couple a besoin de capitaux financiers pour se lancer. L’idée d’une installation en deux temps germe alors. Noémie s’installera en 2010, après avoir acquis trois ans d’expérience salariée sur la ferme. Le gaec de Méné Meur est créé. Elle pourra s’initier à la partie gestion de l’exploitation et entrer en relation avec les fournisseurs habituels (comptable, appro, vétérinaire,…). Devenir associée permet de prendre des parts dans l’exploitation et de commencer à capitaliser.
Sébastien attendra le départ à la retraite de Joël pour s’installer à son tour. Entre temps, il quitte son poste de charpentier pour passer en 2010 un BPREA. Ce diplôme lui confère la capacité professionnelle agricole nécessaire pour s’installer. Il peut dès lors rejoindre lui aussi la ferme comme salarié et commencer de toucher son rêve du bout des doigts.
« On ne s’improvise pas agriculteur, il faut du temps et un esprit ouvert »
Pendant près de 10 ans et jusqu’à sa retraite en 2018, Joël transmet jour après jour au jeune couple sa vision du métier, avec ses joies (telles que l’adhésion à la cuma La Frontalière qu’il présidait, pour du matériel performant à moindre coût) et ses difficultés, afin de les préparer au mieux à l’avenir. «L’agriculture est le seul secteur où nous ne vendons pas notre production mais on nous l’achète au prix fixé», regrette le cédant.
«N’ayant pas de capitaux, nous savions que personne ne nous ferait de cadeau», assure Sébastien qui a repris les parts de Joël dans le gaec rebaptisé Ferme de Ménez Lêz. A présent, chacun espère que le prix du lait s’améliore pour sécuriser l’exploitation, financièrement mais pas uniquement. Car quand les ennuis de santé s’accumulent comme l’an dernier avec l’hospitalisation de Sébastien pendant un mois, heureusement que les jeunes installés ont pu compter sur Joël pour leur donner un coup de main précieux.
«C’est sécurisant de pouvoir nous appuyer sur lui en cas de coup dur et même au quotidien. Même si nous essayons aussi de faire nos propres choix et notamment de progresser en génétique», explique Sébastien. «On ne s’improvise pas agriculteur, complète Joël. Il faut du temps et un esprit ouvert.»
Deux ingrédients bien présents à Plouégat-Moysan.
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