Article mis à jour le 29/06/2017 : retrouvez dès à présent la liste des matériels agricoles en démonstration durant cette journée professionnelle , ainsi que le programme détaillé de Mécafourrages 2017.
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Le sol est un milieu de vie avant d’être un support pour les plantes. Cette réalité mérite d’être davantage prise en compte dans l’activité agricole. Cela fera l’objet d’un «fil rouge» lors du prochain MécaFourrages, le 29 juin, à St Mexant, animé par François Hirissou, conseiller en agronomie de la chambre d’agriculture de Dordogne.
Un écosystème indispensable
La bonne marche de cet écosystème est indispensable. Sans sol vivant, pas d’agriculture! Les acteurs essentiels que sont les micro-organismes, les vers de terre et les nombreuses autres espèces (acariens, cloportes, myriapodes, collemboles, carabes, fourmis, nématodes, limaces, escargots…) doivent être préservés et protégés pour assurer leur travail permanent de décomposeurs, transformateurs, fertilisateurs, organisateurs. Autant d’éléments qui contribuent au maintien de l’architecture du sol. Toute cette chaîne végétale et animale vit à l’intérieur d’un milieu qui doit être à la fois un habitat et un garde-manger qui laisse passer l’air (oxygène, gaz carbonique…), absorbe et stocke l’eau, fixe les éléments nutritifs et permet l’installation et le fonctionnement des racines. Celles-ci opéreront alors de façon optimale par une exploration horizontale et verticale du profil.
Forte biomasse
Un sol de prairie naturelle où coexiste une diversité d’espèces végétales et animales et qui produit une forte biomasse en circuit fermé, peut être considéré comme une référence en matière de fonctionnement optimal. Il peut servir d’indicateur de comparaison pour évaluer d’autres types de sol et se faire une idée sur leur fonctionnement et sur les problèmes qu’ils peuvent rencontrer en matière de fertilité, compaction, mauvaise circulation d’eau, etc. Plusieurs niveaux d’observation et de mesures peuvent être réalisés pour évaluer la qualité d’un sol.
Observation de la structure
En premier lieu, on observera la structure du sol. C’est-à-dire la façon dont sont agencés les constituants minéraux de base (sable, limon, argile) en lien avec la matière organique, pour évaluer le niveau de porosité qui est fondamental pour la vie du sol. La compaction est en effet l’un des problèmes majeurs des sols aujourd’hui. Elle résulte du travail intensif (destruction des agrégats) et du passage d’engins de plus en plus lourds. Pour observer ces phénomènes et comprendre l’impact qu’ils ont sur les cultures, trois modes d’observations sont possibles.
Profil cultural à la mini-pelle
Il permet à partir de l’examen d’une couche de sol (1,50m de profondeur et 2 à 3m de long) d’observer l’ensemble des horizons de constitution du sol dans les deux dimensions (horizontale et verticale) et de repérer les problèmes de compaction, mauvaise circulation de l’eau et de l’air, niveau de dégradation de la matière organique. Plusieurs indicateurs sont utilisés: structure interne des mottes (rondes, angulaires, lamellaires, prismatiques), la forme et l’emplacement des systèmes racinaires, les taches d’oxydo-réduction (mauvaise circulation de l’eau), la présence ou l’absence de galeries de vers de terre, la présence ou l’absence de résidus non décomposés dans le profil.
Le profil de sol aux fourches transpalettes
Plus simple à réaliser et très rapide, ce profil s’opère en enfonçant les pales du transpalette dans le sol que l’on veut observer avec un angle de 30°. On redresse à l’horizontal dans le sol et l’on soulève une tranche de sol de 60 cm maximum à hauteur des yeux. Cette observation facilitée est très pédagogique et permet de voir rapidement la plupart des dégâts engendrés par les engins en utilisant les mêmes critères que pour le profil.
Le «protocole bêche»
C’est le plus simple et le plus rapide des outils de connaissance de la structure d’un sol. Cette méthode élaborée par l’ISARA de Lyon, basée sur les mêmes principes que d’autres méthodes utilisés dans le monde (VSA, VESS…), permet de classer un sol à partir de l’assemblage et de l’état interne de ses mottes et de savoir si sa structure est ouverte, très poreuse sans aucun tassement, ou avec un tassement léger, à surveiller, ou très sévère. Un dispositif de réponse dichotomique (oui, non) à partir d’une grille de lecture permet d’évaluer rapidement ses sols et d’apporter les actions correctives si nécessaire.
Indicateurs faunistiques
L’observation d’indicateurs faunistiques d’un sol est un deuxième niveau d’observation lui aussi très pertinent, car il complète avantageusement les observations de structure. En effet, la création des habitats du sol est le fait de toute sa faune, des bactéries logeant dans les micro-agrégats aux vers de terre, hôtes permanents de leurs galeries, en passant par les collemboles, acariens ou nématodes. Toutes ses catégories animales ont été mesurées dans le cadre de programme nationaux (Casdar Agrinnov INRA Dijon). Et il existe maintenant des référentiels pour évaluer la qualité agronomique d’un sol à partir des bio-indicateurs que sont les bactéries, champignons, nématodes, collemboles, acariens, vers de terre. Les vers de terre, par exemple, alliés précieux de l’agriculture et de la vie des sols, sont certainement les indicateurs les plus faciles à observer. Les services qu’ils rendent sont multiples.
Les irremplaçables vers de terre
Ils incorporent la matière organique et remontent la terre à la surface. Les turricules des lombrics, visibles à la surface du sol, constituent d’excellents engrais qui enrichissent la terre en azote, phosphore, magnésium, calcium et potassium tout en stabilisant le pH. Ils forent et entretiennent des galeries (400 à 500mètres linéaires par m3 de sol), favorables au développement des bactéries et à la circulation de l’air et de l’eau. Ils approfondissent le profil du sol et créent des passages préférentiels pour les racines des cultures en leur permettant de mieux valoriser l’ensemble de l’épaisseur des sols. Ils augmentent ainsi la capacité hydrique et nutritive des sols. Beaucoup d’autres actions bénéfiques sont à mettre au crédit des vers de terre notamment l’élaboration de la structure agro-minérale, la libération du phosphore, la dynamisation de l’activité biologique du sol.
De 3 tonnes à 200 kg/ha de vers de terre
Ces alliés irréprochables et silencieux de l’agriculteur doivent être mieux pris en compte pour engager le passage progressif d’une action mécanique du travail du sol à une action biologique, beaucoup plus pertinente face aux enjeux économiques, agronomiques et environnementaux. Les prairies sont justement les habitats les plus favorables aux vers de terre puisque l’on peut en mesurer jusqu’à trois tonnes à l’hectare en comparaison des malheureux 200 à 300kg/ha qui subsistent dans les parcelles de grandes cultures travaillées intensivement…
Méthode de comptage des vers de terre Une méthode simple pour les comptabiliser est de prélever à la bêche sur 10 placettes de la parcelle, une motte de terre et de les compter. Cette opération ne peut se faire qu’au printemps par sol humide et pas trop froid ou en automne. A partir de 4 vers par bêchée, on a une population qui avoisine la tonne/ha et l’on peut considérer que le sol fonctionne bien (comme une prairie) et assure un ensemble de services écosystémiques favorables à la fois, à la production agricole et à l’environnement. |
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