Au départ, la matière verte récoltée en bord de route ou dans d’autres espaces naturels a peu de valeur. On peut la composter mais cela ne rapporte rien. Elle est trop ligneuse pour être méthanisée complètement, et trop verte pour être brûlée comme un autre bio-combustible. Pour résoudre cette équation, l’Université de Kassel (Allemagne) a développé un procédé baptisé IFBB. Ce terme est l’acronyme de « Integrated generation of solid fuel and biogas from biomass », en bon français : production intégrée de combustible solide et de biogaz à partir de biomasse. Il consiste à presser l’herbe après trempage dans l’eau tiède. On en tire un liquide enrichi, méthanisable, et une partie fibreuse pauvre en minéraux, pouvant être brûlée une fois séchée. Le procédé IFBB est exploité depuis 2013 par la ville de Baden Baden (Allemagne), au sein d’une station de traitement des eaux déjà pourvue d’un méthaniseur.
Quelle est la situation en France ?
Plusieurs collectivités du Grand Ouest (Mayenne, Ille et Vilaine et Côtes d’Armor) récolent aujourd’hui l’herbe en bord de route. Elles participent à un groupe de travail animé par l’association Aile, dans le cadre d’un projet européen (Interreg IV B Combine). Leurs motivations pour exporter l’herbe fauchée : mieux maîtriser la repousse et réduire le colmatage des fossés (économies directes sur les opérations de curage). Chez Aile, Jacques Bernard a chiffré le coût de la collecte : « Au printemps, un passage de rotor permet de récolter 800 kilos d’herbe fraîche au kilomètre. Il en coûte environ 60 euros par tonne, contre 37,5 si on la laisse au sol ». La valorisation énergétique doit contribuer à payer la différence. Sur le papier, le rendement énergétique est en tout cas nettement positif. Aile a également organisé une tournée de présentation d’un appareil de démonstration du procédé IFBB, baptisé Blue Conrad, fin novembre 2014 dans les Côtes d’Armor.
En quoi l’agriculture est-elle concernée ?
L’entretien du bord des routes est en effet du ressort des collectivités locales. Mais les agriculteurs possédant une unité de méthanisation pourraient être intéressés par la fraction liquide issue du traitement IFBB de l’herbe. D’autre part, des cuma équipées pour la récolte pourraient assurer ce travail, dans la limite de ce qui leur est permis par la loi en matière d’activités non agricoles. Elles pourraient également prendre en charge l’épandage des digestats sur les terres agricoles.