Leurs plastiques de serres ou de paillage, les agriculteurs de Mallemort (Bouches- du-Rhône) et des environs les apportaient à la décharge de la commune. Lors de sa fermeture, c’est la déchèterie réhabilitée par l’Ag- glopôle, communauté d’agglomération du Pays de Salon-de-Provence, qui a pris le relais. « Mais un beau matin, en 2011, quand je suis arrivé avec mes plastiques, on m’a interdit de décharger », explique Didier Ferreint, le président de la cuma de Malle- mort. Du jour au lendemain, leur traitement n’était plus assuré. Qu’à cela ne tienne. Après quelques réunions avec les adhérents, Didier a contacté Adivalor, organisme de collecte et de recyclage des déchets agricoles : « Ils nous ont expliqué qu’il suffisait de centraliser les plastiques, et qu’ils s’enga- geaient à les récupérer ».
ADIVALORISATION
Le projet était dans leurs cordes. Au lieu de créer une nouvelle structure, les membres de la cuma ont décidé de se charger eux-mêmes de la collecte. « Depuis, la déchèterie nous réserve deux emplace- ments, un pour les couvertures de serre, l’autre pour les paillages, et Adivalor assure le ramassage. » Ils peuvent y stocker jusqu’à 100 m3 de déchets, et ce sont près de 150 t/an qui sont ainsi récupérées et traitées, soit la « production » d’une cinquantaine d’agriculteurs répartis sur sept communes. Cette cuma de 300 adhérents a une autre parti- cularité : elle salarie un chauffeur à plein temps, et c’est lui qui assure l’accueil à la déchèterie une demi-journée par semaine. « Il vérifie que les plas- tiques ont été nettoyés et bien pliés pour faciliter le transport et le traitement », précise le président.
Le coût est en partie assuré par la somme que reverse Adivalor pour la récupération de la couver- ture de serre. Cette dernière, comme le paillage, est ensuite valorisée : l’organisme produit 650 sacs poubelle de 100 l à partir de 100 kg de bâche. Jusqu’ici, cette petite aventure ravit tout le monde : « C’est très bien accueilli par les élus et les habitants, cela donne une bonne image des agriculteurs, qui sont satisfaits de se débarrasser gratuitement de leurs déchets. » Mais cela pourrait ne pas durer : « L’Agglopôle souhaite que l’on quitte la décharge, car notre activité ne rentrerait pas dans leur cahier des charges. Et puis, il y aurait des risques de départ d’in- cendie. » Faire déguerpir la cuma ne serait pas sans conséquence : « Nous devrions acheter un terrain pour entreposer les plastiques. Cela a un coût, et nous perdrions sûrement des habitués », estime Didier, qui a prévu de rencontrer les élus pour défendre leur projet à forte valeur environnementale.
La collecte, c’est fantastique ?
Dans le Tarn, c’est la fédération des cuma qui s’est jetée à l’eau et qui collecte les déchets plastiques liés à l’enrubannage, à l’ensilage, mais aussi ficelles et filets, également en lien avec Adivalor. Toutefois, la collecte 2013 n’a pas été une réussite : 32 % a fini à la décharge en raison surtout de de films d’ensilage trop sales. La fdcuma, qui a dû régler de lourdes pénalités, a mis les points sur les ‘ i ’ pour 2014 : « Seront refusés : les films mélangés en vrac, les films dans des big bags, la présence de terre ou de végétaux (> 15 %) et d’autres produits (pneus, mandrins, big bags…)».