«Je ne connais pas encore tous les adhérents de la cuma du Bois Vert, commente-t-il tout de go. Je sais qu’il y aura des concessions à faire, mais je constate déjà qu’un lien se crée, nous ne sommes plus tout seuls!»
Ce sont les changements culturaux imposés de l’extérieur qui ont déclenché cette décision d’entrer en cuma. Outre l’élevage, sa ferme de Flandres produit des pommes de terre, des haricots verts, des petits pois, du maïs, et des céréales. «En pomme de terre, nous ne pouvons plus utiliser d’anti-germinatif ce qui fait que nous n’aurons plus besoin de défaner chimiquement. Par contre, il nous fallait d’urgence un broyeur de fanes!»
Une quête précise…
Soit ils l’achetaient, soit ils cherchaient une autre solution. En attendant, côté maïs, l’ancien semoir qui a 30 ans, fonctionne toujours. «Malheureusement, on savait qu’en cas d’usure, certaines pièces ne se font plus», précise Patrice, «et que lui ajouter une partie fertilisation en plus serait trop compliqué.»
Et son père de conforter la décision: «Il nous aurait fallu plusieurs années pour nous équiper seuls d’un nouveau matériel. Avec un usage aussi ponctuel dans l’année, les charges auraient été trop lourdes.»
… et des opportunités!
Entrés à la cuma du Bois Vert (Nord) pour cet unique matériel, père et fils se sont vite laissés convaincre par d’autres nouvelles perspectives: celle d’avoir aussi accès au nouveau semoir a maïs commandé par la cuma. «Il nous permettra de faire de la fertilisation localisée en micro-granulation! Le matériel pourra être utile si besoin pour apporter un insecticide en cas d’attaque de mouche du semis.»
A la cuma, le duo père-fils utilisera aussi du matériel de manutention, un rouleau cambridge, un tracteur et une trancheuse agricole. Autant de matériels qu’ils gagneront à partager. Et même la nouvelle balayeuse qui leur fera gagner du temps: «Chaque matériel est suivi par un adhérent responsable, qui fait un topo sur son état. Quand on le prend, nous lui signalons. Quant aux éventuels problèmes mécaniques, soit nous réparons nous-mêmes, soit nous apportons le matériel au concessionnaire.»
C’est Pierre, le père, qui va aux réunions de la cuma. S’il est «nouveau» à 60 ans passés, il n’en reste pas moins qu’il a toujours pratiqué l’entraide. Ainsi a-t-il l’habitude de prêter volontiers son propre épandeur à fumier aux voisins en lesquels il a confiance, en échange d’un service ou d’une aide à l’ensilage. Pour ce qui est du matériel de la cuma, il sait que le broyeur de fanes arrivera en mai. «Il faut que je paie mes parts sociales », conclut-il avec entrain, sachant qu’en attendant d’utiliser le matériel en commun, il éprouve déjà le plaisir de cette nouvelle «façon d’échanger avec les autres».
Article extrait du numéro spécial Entraid’ Hauts-de-France – Mai 2020.